Beak> – >> (2012/Invada)
Beak est né il y a deux ans. Il développe rock minimaliste fondé sur le trio Geoff Barrow (membre de Portishead entre autres et producteur du label Invada), Bill Fullet (Fuzz Against Junk) et Matt Williams (Team Brick). Leur krautrock reste le modèle postmoderne de ce qu’on appelle le mötorik et la dub noise.
Se contentant d’une sorte de logo, >>, pour tout titre, Beak prouve que la musique peut se passer de mots. Si dans son précédent album le groupe avait beaucoup joué des bourdonnement électroniques (Sunn O))) – autre groupe adepte des signes – n’était alors pas loin d’eux), il revient ici à une musique essentiellement répétitives faites de « durations » propre à une forme d’hypnose.
L’album refroidit d’emblée par “The Caol” sorte de machine célibataire en rien désirante avant de se consacrer à un parfait motorik teinté cependant cold-wave. Le titre “Spinning Top” est plus qu’honnête mais “Wulfstang II” reste le moment majeur de l’album. Soigneusement composé d’une ligne lancinante, le morceau germine de divers types de torsion que l’on retrouve ensuite avec “Eggdog”, “Liar” et “Kidney” point d’orgue final .
Plus ambitieux et ample que le premier album du groupe, >> possède une tension très particulière aussi primitive que fascinante dans ces effets hypnotiques. Arrêtons cependant de comparer le groupe à Neu! et de Can ou à Joy Division même si de telles références restent flatteuse. Beak crée en effet sa musique.
Elle est fondée sur une sorte d’improvisation d’exécution (l’album fut plié en une petite quinzaine de jours) mais mûrement réfléchie et préparée – en concert notamment où le groupe impressionne. Il garde une inventivité évidente à la dynamique électronique volontairement primitive. En conséquence Beak ne serait-il pas, par excellence, un groupe post-punk par l’esprit et par sa dimension ludique ?