Live Report : Hellfest 2012
HELLFIST : A NEW BATTLEFIELD!
Nous revoici enfin en route vers la Loire-Atlantique, le cœur plein d’allant, en direction de Clisson, son château, ses vignes, ses habitants charmants (on ne le dira jamais assez !), et son festival de métal à l’affiche la plus éclectique au monde. Ce sont cette année pas moins de 157 (!) groupes qui prendront d’assaut des six (!) scène que nous proposent Ben Barbaud et ses partenaires de crime. Le tout est proposé au headbanger sur un tout nouveau site, deux fois plus grand que l’ancien complexe sportif du Val-de-Moine, et situé à peine à deux cents mètres d’icelui, sur une bonne partie des terrains dédiés aux campings lors des précédentes éditions.
C’est donc plein d’attentes et de curiosité, les pieds chaussés de godillots encore propres, et équipés contre la pluie qui menace, que nous nous dirigeons vers l’entrée du site. Cette dernière se situe au même endroit que les années précédentes, une bonne initiative pour ne pas trop perdre les foules de métalleux à l’esprit déjà embrumé par une première nuit arrosée en diable : une dégustation de Muscadet chez l’habitant, c’est bon mais c’est traître !
Passés les contrôles de sécurité de rigueur (chapeau aux agents de la sécu, qui sont tous les ans aussi sympathiques et souriants), nous investissons les lieux pour prendre nos repères. Première réaction : c’est vraiment beaucoup plus grand, bien que la disposition générale des scènes n’ait que peu changé. Il en résulte une impression tout à fait étrange d’être à la fois sur le même site, et dans un lieu totalement différent. Les deux scène principales, les Mainstages, sont à leur place, devant une fosse assez gigantesque, la tente The Valley, dédiée aux groupes de stoner et doom, se situe près de l’entrée principale. The Warzone accueillera une programmation burnée à base de punk et hardcore. Un chapiteau titanesque abrite deux scènes se faisant face : The Altar pour les groupes de death et grind, et The Temple pour le black et pagan… Il va y avoir du trottinage de scène en scène et des choix difficiles, comme on s’y attendait, mais c’est surtout enfin l’écrin qui permettra certainement au Hellfest de devenir encore plus gros, plus beau, plus éclectique, bref, cela promet de bons moments !
Les décorations du site sont encore plus nombreuses et variées, et les stands pour s’abreuver et se repaître sont légion, un poil moins chers que les années précédentes (il semble) et séparés en plusieurs points, tout comme les banques pour les jetons : une riche idée qui économisera bien des minutes passées les années précédentes à faire la queue pour un kebab rikiki au goût d’eau de vaisselle. Un grand bar à vin a même fait son apparition au fond d’un petit coin de bois bucolique (enfin le premier jour, ensuite ce sera surtout “colique” tout court, mais nous y reviendrons), fort utile pour se reposer dans un calme relatif.
Voilà pour les points positifs… Maintenant, il faudra bien parler des ratés, car comme on dit, qui aime bien châtie bien, et à nouvel agencement, nouveaux problèmes.
Le principal problème viendra de l’emplacement des toilettes : car le métalleux s’agite, a soif, donc il boit, majoritairement une boisson au houblon, qui fait tôt ou tard aller à la miction. En soi ce n’est pas un souci quand le nombre de personnes est limité et calculé, mais à près de quarante-mille chevelus par jour, avec des pipi-rooms tous rassemblés aux mêmes endroits (que je n’ai trouvés que le deuxième jour), cela conduit invariablement à venir se soulager à peu près aux mêmes endroits, plus proches et plus immédiatement accessibles : une ou deux haies du bois joli, et les barrières derrière la Warzone. Il en résultera ce qu’un voisin anglais désignera comme la bien-nommée “pee river”, ce qui se passe de commentaires au niveau olfactif.
Un second point noir, en tout cas pour ma part, viendra de la double scène Altar / Temple. Si, sur le papier, regrouper black et death sous le même toit semblait une idée lumineuse, les concerts s’enchaînant d’une scène à l’autre mènent l’auditeur à subir les balances du groupe suivant, ce qui est particulièrement désagréable lorsqu’on est en train d’écouter une plage d’ambiance pendant la prestation de Darkspace, pour ne citer qu’eux. Ensuite, le fait que cette grande tente regroupe les attendus fleurons de deux genres phares fera que la foule sera souvent presque impossible à fendre pour aller voir son groupe favori, et ce même en arrivant avec presque quinze minutes d’avance.
Bon, vous comprendrez que les quelques problèmes de rodage du nouveau site seront vite réglés par les organisateurs, et que ce New Battlefield représente bien plus d’avantages que d’inconvénients pour le festivalier : on se sent respirer, là où l’année dernière on avait du mal à avancer, tant la foule était dense, plus d’animations et de choses à voir et à entendre, des coins de calme, moins de file d’attente… bref (presque) que du bon !
VENDREDI
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Black Bomb A
Alors que nous arrivons sur les lieux, nous avons le temps d’entendre les derniers accords pagan des français de Belenos, et nous nous dirigeons vers la Mainstage 2 pour y retrouver d’autres frenchies. Le constat est rapide pour moi : le frenchcore, ce ne sera jamais mon truc. En tout cas, pour rester objectif, l’énergie et l’attitude sont là et le groupe fait un concert très propre et couillu, malgré quelques cafouillages entre les deux chanteurs. Je m’éloigne pour prendre connaissance avec l’Altar, où la programmation m’est bien plus adaptée.
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Benediction
Arrivé là, et prenant possession des lieux (damned, que c’est vaste…) le death old-school du quintet britannique me fait enfin prendre conscience de ce que je fais là. C’est carré, c’est brutal, et cela fait du bien ! Je ne connais que mal ce groupe, je ne pourrai donc vous citer la liste des titres interprétés, mais au niveau de l’ambiance, je peux vous affirmer que les spectateurs ont eu leur compte de rythmiques lourdes et de growls furieux ! Un très bon échauffement des cervicales, et un groupe que je note sur ma liste pour écouter une fois de retour à la maison.
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Molly Hatchet
Après avoir fait connaissance avec les nouveaux bars du festival, nous nous dirigeons vers la Mainstage 1, pour le premier événement de cette journée, la venue des Floridiens de Molly Hatchet. Encore une découverte pour moi, ne connaissant le groupe que de réputation, et un très bon avant-goût avant la venue plus tard des légendes du Southern rock : Lynyrd Skynyrd.
Chapeau de cow-boy vissé sur la tête, long manteau de gunslinger, Phil McCormack assure tant au chant qu’à l’harmonica, et remarque d’emblée les quelques drapeaux sudistes disséminés dans le public. Le groove et les riffs bien gras de Bobby Ingram, le sourire aux lèvre sous sa permanente d’anthologie, ont tôt fait de faire bouger le public, qui semble apprécier cet intermède rock ‘n’roll au milieu du déluge de distorsion de ce festival infernal.
Un excellent concert, qui en augure de meilleurs encore à venir.
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The Bronx
Vous ne le savez peut-être pas, mais je ne suis vraiment pas trop amateur de punk ni de hardcore… C’est donc de loin que je vais suivre le concert des Californiens de The Bronx. J’aurais dû suivre les conseils d’un ami qui s’est précipité dans la fosse : le concert sera furieux, festif, au point que le chanteur Matt Caughthran décidera sur la fin de descendre lui-même dans le pit pour finir d’aplanir le terrain, slammer d’avant en arrière, le tout en chantant toujours. Un gros moment “cool” de cette première journée.
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Darkspace
Après une ou deux mousses, afin de se rafraîchir les idées, à mon tour de me ruer devant la scène du Temple pour ne rien louper du set des Suisses de Darkspace, un de mes moments privilégiés de ce vendredi. Le style très particulier du groupe, plus adapté aux petites salles, et la réputation de ce black metal “spatial” d’une puissance peu commune a rameuté beaucoup de curieux ainsi que de fans. Après un faux départ (le set de Gorod s’étant terminé plus tôt, à cause d’un problème électrique, semble-t-il), les membres du groupe tournent le dos au public pendant une longue plage d’intro ambiant, et se retournant enfin, entament leur premier titre “Dark 1.2″ : le ton est donné d’entrée, ce sera implacable, les blasts de la batterie électronique et les riffs compacts et complètement saturés donnent l’impression de se prendre un mur dans la tronche à pleine vitesse. Les hurlements inhumains de Wroth, Zhaaral et Zorgh, aux tessitures particulières et contrastées, font trembler les piliers de la tente, et devant ce déluge, les premiers curieux qui n’accrochent pas ont tôt fait de déguerpir. Il est vrai que le style de Darkspace n’est pas facile d’accès, surtout sur scène, mais pour les fans qui adhèrent au concept, c’est du pain bénit que de les voir se produire devant autant de monde, dans un grand festival. Après une nouvelle plage de claviers, pendant laquelle les musiciens se retournent de nouveau, vient le moment de nous faire subir un “Dark 2.10 encore plus monstrueux que le premier titre, histoire de ne faire rester que les fans devant la scène. Les cris se font de plus en plus déchirants, les accords de guitares plus lourds, les claviers plus obsédants… Certains qualifient Darskpace de minimaliste, on qualifiera plutôt le groupe de maximaliste, tant leur musique paraît épaisse et compacte. Vient déjà le moment de clore le concert sur un titre extrait du troisième album “Dark 3.16″, histoire de nous achever encore plus puissamment ! Le seul contact avec le public se réduira à un bras tendu de la bassiste Zorgh, au cours de l’un de ses derniers hurlement à vriller les tympans, et les membres du groupe quittent la scène sous les applaudissements.
Les Suisses auront livré là un concert sans concession, n’édulcorant leur style pour rien au monde, et à défaut de s’attirer l’attention du plus grand nombre, auront su satisfaire leurs fans, et je les en remercie. L’un des meilleurs moments de cette édition 2012 pour moi, on pourra simplement regretter la disposition de la scène The Altar, qui nous aura fait subir les balances de Brujeria pendant les longues nappes de claviers entre les chansons.
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Turbonegro
Après une petite pause de rigueur, et le temps de mettre une petite laine (oui, bon, une pèlerine imperméable en l’occurrence), nous nous fixons près de la Mainstage afin de suivre le set des Norvégiens de Turbonegro. Après un hiatus de près de deux ans, du au départ de Hank Van Helvete, le frontman historique du groupe, et la re-formation avec Tony Sylvester au micro, les hommes en denim étaient fortement attendus par une petite armée de fans de tout poil et de membres des Turbojugend, également tout de jeans vêtus. Comme à leur habitude, Euroboy et consort apparaissent déguisés et maquillés, au son de leur deathpunk à la fois festif et politiquement incorrect, commençant par un des tubes du groupe : “All My Friends are Dead”.
S’en suivent “The Nihilist Army”, “Wasted Again” et tant d’autres… Les musiciens jouent leur rôle à plein et multiplient les pauses “bad-ass”, Tony Sylvester, la bedaine tatouée à l’air, harangue le public qui malgré la fine pluie qui tombe maintenant sur Clisson, profite du moment à fond. C’est drôle, on bouge bien, ce n’est pas compliqué, bref du pur rock ‘n roll mâtiné de punk qui donne à la fois envie de péter les bras de son voisin dans le pit et de se marrer comme une baleine ! Logiquement Turbonegro aura droit au premier rappel du festival, et c’est à la Freddie Mercury, couronne royale et manteau d’hermine frappé de l’Union Jack que le chanteur et ses acolytes reviendront interpréter sous nos yeux ébahis “Age of Pamparius”, “Denim Demons” en l’honneur des Turbojugend présents, et enfin un furieux “I Got Erection” pour finir leur set en classe et en beauté ! Encore un bon moment pour beaucoup, et une découverte en live pour bibi.
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Lynyrd Skynyrd
Pas le temps de se remettre, juste celui de se diriger à quelques mètres de là vers la Mainstage 1, pour l’un des (nombreux) événements de cette cuvée 2012, la venue des vétérans du Southern rock : Lynyrd Skynyrd ! La foule a migré avec nous, et c’est avec un public assez dense que les sudistes entament leur set avec “Workin’ for MCA”, “I Ain’t the One” et “Skynyrd Nation”… Hélas, après l’enthousiasme ravageur des Norvégiens qui viennent de passer sur la scène d’à côté, la mayonnaise a (en tout cas pour ma part) un peu de mal à prendre, et il faudra attendre jusqu’à “Simple Man” pour que l’émotion fasse son effet et que les spectateurs, bras-dessus, bras-dessous, entonnent en chœur les succès du groupe. “Sweet Home Alabama” sera du même tonneau, et le rappel tant attendu, le fantastique “Free Bird” son solo de fin légendaire fera enfin headbanguer en masse sous les reflets de la boule à facettes géante dominant la scène. C’est le truc des chansons de ce calibre, qui mettent un peu le reste des titres du groupe entre parenthèses, mais sauvent indubitablement un concert qui sans cela aurait été juste ennuyeux.
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Cannibal Corpse
L’enchaînement de ce vendredi après-midi continue de plus belle, pas le temps de se poser, et direction l’Altar pour suivre (au moins) un bout (une tranche ?) du set de Cannibal Corpse. Comme d’habitude, on ne comprend pas tout ce qui se passe sur scène, mais cette grosse boucherie reste tout à fait sympathique, et les headspins furieux de George “Corpsegrinder” Fisher donnent la mesure. Les Floridiens commenceront par trois titres ! “Torture: Demented Aggression”, “Sarcophagic Frenzy” et “Scourge of Iron”, extraits de leur dernier méfait en date, histoire de se mettre en jambe. Viendront les classiques, tels les primesautiers “I Cum Blood” et “Hammered Smashed Face”. Un concert solide et bien bourrin, mais somme toute un peu classique.
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Satyricon
Juste le temps de se tourner pour observer le début du set de Satyricon sur la scène du Temple. Ambiance sombre et froide de rigueur, éclairage blafard, le black ‘n roll des Norvégiens retentit sous l’immense chapiteau avec un “Now Diabolical”> parfait. Satyr se martyrise les cordes vocales en contre-jour, devant son pied de micro à l’image du logo du groupe, Frost martèle ses fûts comme un damné, les guitares déchirent l’air, on est bien loin du set en demi-teinte que nous avait offert le groupe en 2008, sous un soleil de plomb. “Black Crow On a Tombstone” suit immédiatement, on aime ou on n’aime pas le ‘nouveau’ style de Satyricon, mais en tout cas on ne peut pas nier que sur scène, c’est diablement (héhé) efficace ! Hélas, il est temps pour moi de m’arracher du Temple si je ne veux rien louper du concert de Megadeth, et c’est après “The Wolfpack” que je sors du chapiteau. Le mauvais point, c’est que je louperai les formidables “Mother North” et “To the Mountains”, le bon c’est que j’échapperai à l’abominable “K.I.N.G.” (non mais quelle bouse !).
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Megadeth
Voici déjà venu le temps de contempler la première tête d’affiche de ce Hellfest 2012, la bande à Dave le rouquin, la Némésis de Lars Ulrich, mon petit chouchou du Big Four : Megadeth ! Alors on va dire que je raconte ma vie, mais Megadeth et moi c’est spécial, c’est simplement le premier groupe de métal dont j’aie acheté un album (la cassette de Rust In Peace) avec mon argent de poche, c’est un peu donc grâce à Dave Mustaine que je me retrouve là où j’en suis maintenant, à vous raconter tout cela. Comme c’est seulement la deuxième fois que j’ai la chance de les voir en live, je ne devais sous aucun prétexte louper une seule minute de ce concert. C’est sur le très efficace “Never Dead”, tiré du dernier album en date, Th1rt3en, que commence le set et déjà on sent que l’on va prendre cher, même si le son est un peu brouillon, au vu des conditions climatiques, et que la voix de Dave Mustaine n’est pas des plus en forme ce soir. Pas le temps de faire une pause, que les musiciens nous assènent “Head Crusher”, pour forcer nos cervicales déjà éprouvées à battre la mesure sans merci, les guitares du frontman et de Chris Broderick se complètent à merveille et les solos virtuoses s’enchaînent. Le premier classique, “Hangar 18″, fait lever les mains de la foule, venue nombreuse dans la pénombre et sous les premières gouttes d’une nouvelle averse, et Mustaine entre enfin vraiment dans le show, la voix échauffée, avec les ballades “Trust” et “In My Darkest Hour” et un “Foreclosure of a Dream” de bon aloi.
Visiblement de bonne humeur, le chanteur-guitariste rouquin n’en fait pas oublier son caractère de cochon, notamment vis-à-vis de Dave Effelson, laissé seul pour assumer la ligne de basse de Dawn Patrol, pendant que son compère chante en coulisse. D’ailleurs, pas un instant ils n’entreront en contact, visuel ou physique, durant le show. Le contentieux qui oppose depuis des lustres les deux musiciens n’empêche pas le spectacle de se dérouler pour le mieux, malgré le son toujours aléatoire. Présence en France oblige, les premières mesures de “À Tout le Monde” retentissent dans le ciel de Clisson.
Vient le moment de la promo obligatoire, avec trois titres issus de Th1rt3en, plutôt anecdotiques : “Guns”, “Drugs and Money”, “Whose Life (Is It Anyway)?” et “Public Enemy No1″, puis retour aux choses sérieuses avec une “Symphony of Destruction” pour nous remettre le nez dans nos classiques.
Le groupe quitte la scène, et nous fait attendre quelques instants avant de revenir nous gratifier d’un rappel : hésitant entre “Holy Wars” et “Mechanix”, c’est finalement les deux en medley qui nous seront servis sur un plateau !
Les Californiens quittent la scène sous les applaudissement, j’en ai pris plein les mirettes, malgré un Mustaine en petite forme vocale, et un son un peu fluctuant. M’en fous, pour Megadeth, on n’est pas objectif !
SAMEDI
Après une bonne nuitée de sommeil, un solide petit déjeuner, un petit tour dans le centre de Clisson, nous nous dirigeons doucement vers le site du festival, histoire d’arriver pour les concerts de Death Angel et Steel Panther. Seulement, le sets des glameux étasuniens a été avancé à la place de Koritni, et réciproquement. C’est donc la toute fin du concert de la panthère d’acier que l’on entendra retentir en entrant sur le site du festival. À charge de revanche parce que d’après les impressions relevées ici et là, ils auraient fait l’un des meilleurs show du festival !
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Death Angel
Comme le dit Mark Oseguada en haranguant la foule devant la Mainstage 2, les Death Angel font du thrash depuis longtemps, très longtemps. La formation du groupe remonte à 1982, et malgré quelques coups d’éclats ici et là, les Californiens sont toujours plus ou moins restés dans l’ombre de leurs illustres voisins du Big Four. C’est néanmoins un groupe qui mérite le détour, et qui gratifie toujours les spectateurs de concerts solides. Le bien-nommé “Thrashers” retentit dès le début, et le ton est donné : headbangs furieux, slams, et mosh parts seront de la partie, sous un beau soleil ! C’est la quasi-totalité de leur premier album que les Californiens nous offriront ainsi, ce qui me décidera à aller faire un tour au-dessus de la foule pour jauger l’enthousiasme, pendant “The Ultra Violence”, au nom prédestiné.
C’est en tout cas encore d’une très bonne performance que Death Angel nous a encore gratifiés, et nous souhaitons les voir plus souvent en France tant ils conservent une énergie et une fraîcheur que bien des groupes plus jeunes et plus célèbres devraient leur envier.
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Exodus
Puisqu’on était dans le thrash, autant le rester avec d’autres Californiens, plus connus mais aussi dont le style parle moins… En effet, comme d’habitude, le set d’Exodus en touche une sans faire bouger l’autre. Pourtant, les classiques y passent : “Bonded By Blood” en tête, et le public y réagit énergiquement. Mais cela passe mal.
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Sebastian Bach
Juste le temps de se décaler de quelques mètres, devant la Mainstage 1, et nous voici prêts à recevoir l’une des icônes du métal de la fin des années 80 et début des 90 : Sebastian Bach. On espère que l’ex-leader de Skid Row a gardé la forme et va nous gratifier d’un bon concert, tant les tubes du groupe et du bonhomme sont entraînant sur disque. Au niveau de la forme, on ne peut qu’avouer que le tour de taille du chanteur va faire des envieux, vu la coupe du pantalon ultra-moulant dont il est revêtu comme à la grande époque… plus serré et c’est la vasectomie.
On commencera fort, avec un morceau de Skid Row justement, et pas des moindres : “Slave to the Grind”, un tube (et ce ne sera pas le dernier !). Voilà comment captiver le public, commencer fort, et aux têtes hochant furieusement d’avant en arrière, cela marche plutôt bien !
Vient ensuite la chanson-titre de son dernier album en date “Kicking and Screaming”, c’est efficace bien que moins fun, même si le jeune prodige de la guitare Nick Sterling nous offre un remarquable solo (et ce ne sera pas le dernier non-plus).
Retour donc à l’ère Skid Row, avec le tubesque “Here I Am”, très Mötley Crüe dans l’âme : le public réagit de plus belle, j’en veux pour illustration cette femme d’une quarantaine d’année placée juste devant nous, pleurant littéralement en hurlant les paroles, visiblement en train de contempler son idole sur scène. C’est de la dévotion ! Le reste du concert se passera pour le mieux, entre les déhanchement du frontman canadien, et les morceaux estampillés “retour dans les 90’s”. Les applaudissements à tout rompre du public à la fin du show sont un indicateur assez sûr : Sebastian Bach a fait son boulot, et bien fait, qui plus est.
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In Extremo
L’avantage du Hellfest, c’est vraiment la diversité de la programmation : avec 157 groupes, il y a de quoi faire un paquet de découvertes. C’est mon cas pour In Extremo, traîné par un ami (”Si, si tu verras, c’est du folk pagan marrant !”) et pas convaincu du tout sur le papier, on aura au final passé un bon moment. Pyrotechnie, instruments bizarroïdes, et bonne humeur, le cocktail des Allemands auront balayé mes réticences. Le public nombreux semble également apprécier si l’on en juge par la poussière soulevée dans la fosse et qui maintenant flotte sous le chapiteau et devant la scène du Temple.
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Napalm Death
De la poussière, il risque d’y en avoir beaucoup plus d’ici quelques minutes devant la scène de l’Altar ! Le passage des Anglais de la mort au napalm rameute toujours autant de monde, et c’est en luttant pour se frayer un passage dans la foule compacte que nous nous rapprochons tant bien que mal. Arrivés assez près nous attendons l’arrivée de Barney et consort aux limites du pit, histoire de ne pas trop prendre cher, il reste tant de groupes à voir… Après la sortie de l’excellent Utilitarian, les fans semble attendre le groupe de pieds ferme. C’est sur l’intro de ce dernier brûlot, “Circumspect”, que les membres du groupe s’installent sous les hourras, et sur “Errrors In the Signal” que le massacre commence ! Nous nous retrouvons immédiatement entraînés dans un mosh assez furieux, qui nous fait vite penser à un tambour de machine à laver : il faut dire qu’on est assez près, et que, comme d’habitude, l’énergie de Napalm Death, et de son chanteur en tête, est contagieuse ! Suivent “Everyday Pox” et un “Protection Racket” accéléré qui nous laissent exsangue.
Comme sur un album, les titres plutôt courts s’enchaînent à la vitesse d’un train lancé à pleine vitesse. Tout y passe : des plus récents “The Wolf I Feed” et “Quarantine”, aux historiques “Dead”, “Scum” ou encore l’obligatoire reprise des Dead Kennedys, “Nazis Punks Fuck Off”.
Les Anglais auront une nouvelle fois rempli leur contrat : faire de leur grindcore un moment de communion avec le public, dans la brutalité la plus totale !
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Guns ‘N Roses
Je laisse passer le set de Machine Head, apparemment très réussi selon les ragots récoltés ici et là, pour me frayer un passage difficile dans la foule déjà massée devant la Mainstage 1 pour l’événement de ce samedi : Guns ‘N Roses ! Oui les mêmes que sur mes posters de chambre d’ado, enfin presque… enfin surtout Axl Rose, quoi… surtout ce qu’il en reste ! Mais comme on dit, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse : j’avais toujours rêvé gamin des voir Guns ‘N Roses en live, ce sera bientôt chose faite !
Clou du spectacle, Axl et compagnie ne sont même pas en retard et commencent leur set par… “Chinese Democracy” ? Bon passe encore, c’est de la promo, faut pas leur en vouloir. Mais enfin, outre le fait que la chanson soit quand même très mauvaise (on dirait du mauvais Marylin Manson) le son tirant sur les basses est exécrable ! Gageons qu’avec la réserve de tubes que le groupe possède, ce mauvais départ ne sera vite qu’un mauvais souvenir. En parlant de chansons mythiques, voilà leur tout premier méfait : “Welcome To the Jungle”, suivi de “It’s So Easy” et “Mr. Brownstone”, bref du lourd en principe… et là c’est le drame : aucune énergie ne passe, Axl n’est pas en voix, les membres du groupes prennent des poses inspirées pendant leurs interminables solos, bref c’est chiant et le son est pourri. Je dégage de là vite fait après le massacre d’”Estranged”, et tellement énervé, je ne m’arrête même pas pour voir le set de Behemoth que je me réjouissais pourtant de voir dans l’ambiance d’une tente (je le regretterai le lendemain…).
DIMANCHE
Après un réveil ronchon, vite oublié par l’ingestion d’un solide petit déjeuner, direction le site du festival, car le programme de la journée est encore chargé, et les artistes ont fort à faire pour nous faire oublier le fiasco des Guns hier soir.
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Girlschool
C’est un scandale de voir les copines de Lemmy si tôt dans la journée, et ce seulement une demi-heure. Je réclame à grand cris au moins une heure de Girlschool, et ce tous les jours du festival ! Et d’ailleurs pourquoi s’arrêter là, j’exige un concert de Girlschool tous les jours de l’année ! Voilà c’est dit.
Trêve de plaisanteries, les quatre bad girls anglaises nous ont bien remis les idées en place sous le soleil de Loire-Atlantique en nous criant bien fort : “C’EST ÇA LE ROCK ‘N ROLL MESSIEURS !” Une bien belle leçon que le public, malheureusement pas assez nombreux, n’est pas près d’oublier : les “Hit and Run”, “C’mon Let’s Go” ou autres “The Hunter” ont lancé la journée de fort belle manière. Merci les filles !
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D-A-D
Le temps de se faire une petite mousse, et de jeter une oreille distraite sur le set d’All Shall Perish (pas ma came, mais le nom est super cool !), et nous revoici devant la Mainstage 1, pour suivre la performance des Danois de D-A-D, alias Disneyland After Dark. Les musiciens investissent la scène et démarrent directement par “A New Age Is Coming”, un bon gros hard-rock à l’ancienne mâtiné de country dont ils se font la spécialité depuis les années 80. C’est groovy, puissant et cela continue à maintenir de bonne humeur, que demander de plus ? Qui plus est l’attitude de Jesper Binzer et compagnie est au diapason de la musique : vocalises avec le public sur “I Want What She’s Got”, les poses rock ‘n roll de Stig Pedersen et ses magnifiques basses à deux cordes floues, tout contribue à passer un bon moment. Encore un groupe découvert au Hellfest qui va se retrouver dans mon autoradio !
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Black Label Society
Décidément, Black Label Society j’aime bien. D’ailleurs, j’aime bien aussi le père Zakk Wylde, mais il n’y a pas à dire, en live je n’ai jamais vraiment accroché. Et ce n’est pas cette performance en demi-teinte qui me fera changer d’avis. La faute notamment à un solo (encore) interminable, et dont tout le monde se fout. Et ce ne sont pas des perles telles que “Parade of the Dead”, dont l’énergie devrait pourtant faire vibrer la foule, qui rattrapent la sauce. Un concert le cul entre deux chaises, et semi-déception malgré quelques bons moments.
En tout cas, twister comme des zazous, et d’un c’est fatiguant, et de deux cela donne faim et soif : nous passerons les sets de Walls Of Jericho, Hatebreed et Devildriver à nous abreuver, nous repaître et nous reposer un brin. Même assis, je tends l’oreille, et ces trois grands habitués du Hellfest ont rempli leur contrat : moshparts furieux, cirques pits (un géant même, réclamé par la douce Candace) et tutti quanti ! Allez faire un tour du côté de la vidéo Arte Live Web pour suivre le concert des ocreux de Détroit plus en détail.
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Blue Öyster Cult
C’est aussi pour cela qu’on aime tant le Hellfest : outre le fait d’avoir souvent de très grands groupes actuels, des cadors du métal, qui sillonnent les routes du monde toute l’année, on a aussi souvent des groupes historiques que l’on n’a pas la chance de voir souvent chez nous. Pensez-bien, Blue Öyster Cult, rien de moins. Si Black Sabbath avait tenu l’affiche le lendemain, ce sont simplement les deux premiers groupes de heavy métal que l’on aurait pu voir coup sur coup. C’est donc un public nombreux, de tout âge, qui vient se presser devant la Mainstage 1 pour profiter du concert des Étasuniens. Le premier titre joué sera “The Red and the Black”, et les têtes se mettent à headbanguer à l’unisson sur ce riff imparable ! Viendront ensuite “Burning For You” dont le refrain sera scandé par mille gorges, dont celles de jeunes de ou 17 ou 18 ans sautant partout, bras-dessus bras-dessous, puis “Buck’s Boogie” et sa ligne de guitare ultra rock ‘n roll ! Revisiter une carrière aussi longue en seulement une heure, ce n’est pas chose aisée et c’est sûr qu’un paquet de chansons cultes ne pourront pas être jouées, on le sait pertinemment, mais la setlist est simplement parfaite, et les membres du groupe savent encore y faire, si l’on en juge par le solo terrible de “Richie Castellano” sur un “Godzilla” d’une lourdeur éléphantesque, suivi par celui de “Buck Dharma” : deux modèles de groove, que du bonheur (suivez mon regard, Zakk Wylde et les membres de GnR).
Il est temps à nouveau de se mettre à chanter en chœur sur l’inévitable “Don’t Fear the Ripper”, et le public s’en donne une nouvelle fois à cœur joie sur ce succès intemporel. Le groupe sera rappelé des coulisses par les ‘B.O.C. !!’ scandés par la foule, vient le temps d’un encore, sous forme d’un de leurs titres le plus heavy, “See You In Black”, extrait de Heaven Forbid.
Et là c’est bien fini, et on se dit qu’une heure de Blue Öyster Cult, c’est décidément bien trop court et qu’on aurait bien signé pour le double. Un grand moment du festival pour bon nombre de spectateurs ce soir.
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Mötley Crüe
Le temps de se remettre avec un peu de houblon, nous revoici devant cette Mainstage 1 qui aura vu passer tant de figures en ce week-end pour un autre groupe avec des trémas sur ses voyelles, l’équipe bariolée de Mötley Crüe.
Après un passage remarqué en 2009, la bande de Nikki Sixxnous revient en forme, et, avec un fond de scène recouvert de peaux de bêtes, et commencent leur set par “Wild Side” et “Live Wire”. On sent qu’on va déguster des classiques, et les nombreux glameux tout en permanentes et en jeans serrés donnent de la voix pour leurs idoles ! Pourtant la mayonnaise à un peu de mal à prendre. Vince Neil a beau sautiller d’un côté à l’autre de la scène tel un chevreuil en légère surcharge pondérale, la setlist est au petits-oignons : “Too Fast For Love”, “Shout At the Devil”, “Saints of Los Angeles”. Le son est bien meilleur que sur de nombreux concerts sur cette Mainstage, un petit manque de folie rock ‘n roll plane. Un comble, vu que ni le groupe ni le public (au vu des paires de seins exhibées !) ne ménagent leurs efforts ! J’ai eu du mal à rentrer dans le spectacle.
Heureusement, à la seconde moitié du concert, à partir de “Same Ol’ Situation (S.O.S.)”, on prendra son pied sur les riffs imparables de “Girls, Girls, Girls”, de “Dr. Feelgood”, et enfin de “Kickstart My Heart” ! Le concert se finira sur Tommy Lee vidant une bouteille de champagne sur les premiers rangs, rien que de très normal pour les bad-boys de Los Angeles. Un concert en demi-teinte mais tout le monde semble s’être régalé.
Nous suivrons le set d’Ozzy & Friends de loin, vu que la setlist et le show furent quasiment les mêmes que l’année passée, (”Slash”, “Geezer Butler” en sus), la pluie en plus. Un peu décevant de finir quasiment sur la même tête d’affiche que l’année dernière, alors que le Hellfest nous faisait toujours de belles surprises pour la tête d’affiche finale du festival, et ce depuis des années. Gageons que Ben Barbaud et ses comparses se rattraperons là dessus en 2013, le chiffre porte-bonheur ! (qui a dit Iron Maiden dans le fond ?)
Pour conclure, on pourra dire ce que l’on voudra, mais le Hellfest a encore franchi un cap cette année avec ce nouveau site, malgré quelques couacs bien compréhensibles. Gageons que, habitués à réagir promptement d’une année sur l’autre, et à relever toujours plus de défis, l’équipe dirigeante saura y remédier, nous serons bien entendu de la partie, pour profiter un maximum d’un festival auquel le public porte une affection particulière.
Photos par Jess aka Maus – Galerie Flickr