Echancrure – Paysage. Octobre (2011/autoproduit)
Au gré des fantaisies de la synesthésie la musique se voit associée à différentes teintes, voire parfois à une seule. Et inversement. Ainsi, dès lors que la notion de “black” entre dans la danse, l’idée de métal n’est pas loin, accompagnée de ses trépidations saccadés, déferlements et d’autres égorgements porcins. Autant dire que ces premières associations d’idées sont plutôt éloignées de la notion d’ambient. Et la jaquette colorée de Paysage. Octobre pourrait sembler hors de propos.
Pour autant, Echancrure est-il à côté de la plaque ? Le mélange produit à partir de machines et augmenté de dissonances black sont pourtant introduites de manière appropriée par cette image floutée de bleu. En effet, outre le fait de brouiller les lignes et les perspectives, évoquant par là-même les oscillations à venir, elle montre que l’ensemble n’est nullement prisonnier des ténèbres. les vibrations sont perceptibles, voire visibles.
C’est bien de vibrations dont il est question. Le chant ne vient nullement perturber les lignes mises en place hormis par l’entremise de quelques rares éclats de voix. les saccades troubles propres aux rythmiques black sont présentes et font leur office en faisant naître un léger malaise très caractéristique, qui ne se dément pas au gré des pistes, ou plutôt des segments de l’album. Le découpage n’opère pas de réelle césure au sein de la progression, tout au plus s’agit-il de respirations.
Et ces soupirs s’inscrivent dans le déroulement de l’histoire, rappelant à l’auditeur qu’il ne doit pas se laisser porter par l’histoire., histoire et non pas simple juxtaposition de morceaux. Une atmosphère est déployée et narrée de manière ineffable. Sans mot mais pas sans ponctuation. La dimension instrumentale ne fait que rendre plus cotonneux le paysage décrit, ce qui renforce la posture adoptée, bien loin de lignes et arêtes saillantes affichées en pleine lumière. Cette échancrure, déchirure dans un vélin proposant une lecture nette d’un prisme de la réalité, s’écoute sans déplaisir. Mais bien malin qui pourra deviner quelle sera la teneur du prochain accroc.
C’est un très bel album. Très visuel, évocateur. Bravo!