La Faunesse Mécanique – Ushant (2011/autoproduit)
Les morceaux traditionnels, constituantes à part entière de ce patrimoine immatériel, aux contours aussi flous que celui des vagues. Leur magie et leur intemporalité permettent de replonger dans l’atmosphère des mythes et légendes, de ces histoires qui contiennent une once de vérité, une parcelle d’Histoire. C’est là le terreau de La Faunesse Mécanique, être merveilleux, et de celui de ses compagnons comme le Passeur, Dame Esclarmonde, l’esprit de la Faunesse ou l’esprit conteur. Il semble donc naturel que la créature traverse ces compositions et les notes qui les peuplent.
Les « traditionnels », morceaux de musique pareils à des palimpsestes. En effet, s’ils ne constituent pas des créations originales, les six éléments présents sur Ushant ne s’avèrent pas moins de véritables créations. L’effort d’arrangement est une véritable relecture et réécriture. Le délicat équilibre à trouver est celui du respect du matériau originel et de la patte de l’artiste. A l’image du joaillier qui doit magnifier sa pierre tout en faisant montre de sa dextérité propre. Au risque de fracturer ce qui redevient alors un vulgaire caillou.
Les « classiques » présents sur Ushant, nouvelle intrusion bienheureuse dans l’univers de la Faunesse Mécanique. Si les morceaux choisis sont assurément en adéquation avec l’univers du projet, la démarche musicale menée conduit en une véritable appropriation des structures. Les qualités et la sensibilité déployés sur le précédent album se retrouvent ici assurément et le poids des versions antérieures de ces « classiques » du genre n’écrase pas le projet. Bien au contraire, c’est une invitation à traverser le fin brouillard qui sépare le monde réel de celui de la Faunesse Mécanique qui est proposée. Et ne peut qu’être acceptée. Les 6 chemins se montrent délicats au gré des notes de harpe égrenées au fil du vent et du son du fifre tout en possédant une force et une profondeur conférées par le violoncelle et les percussions. Chemin faisant, c’est donc un pan de l’univers de la Faunesse qui se révèle, un rien cassé, un poil rouillé, un soupçon suranné mais pourtant résolument vivant.
Les versions proposées sur Ushant, nouveau caillou blanc déposé par la Faunesse Mécanique. Et une nouvelle raison de se risquer à sa suite. Certains pourront regretter que le chant n’intervienne que sur la dernière pièce, mais ce serait là oublier que la voix n’est qu’un instrument parmi d’autres. L’ensemble ne manque nullement de musicalité ou d’expression pour que cette absence se fasse sentir. Le seul reproche qu’il est possible de formuler est que six titres cela reste assez court et ne constitue donc qu’une simple visite en terres de Faunesse, alors qu’un séjour plus long est hautement envisageable.
- Cantique breton
- The Butterfly
- Chanter’s song
- Ar dragon yaouank
- Indian scottish
- The Trees they grow high
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