United Fruit – Fault Lines (2011/autoproduit)
De Glasgow nous vient une cascade de percussions massives et un délire désespéré de guitares. Le potentiel est énorme. Comme le son viscéral, intense et discordant. L’indie rock du groupe qui a pris par provocation le nom de l’entreprise américaine très controversé possède une palette très large. Elle va de Sonic Youth question expérimentation jusqu’à At the drive in question punk irascible (pléonasme), violence et son très sourd.
Iskandar Stewart (voix et guitare) et Stuart Galbraith (guitare) les deux leader ont joué dans plusieurs groupe avant de créer United Fruit. C’est après un break d’un an qu’ils le constituent en 2008. Stewart et Galbraith pendant ce temps d’arrêt ont écouté une musique plus expérimentale que celle qu’ils créaient jusque là : Sonic Youth déjà cité ou encore Shellac. Ils se sont alors senti capable de mêler leur bruit premier et l’expérimentation des distorsions pour créer une rock progressif catchy. Les deux écossais se sont joints au génial batteur Marcin Dabrowski, étudiant polonais venu de France pour des études politiques à Glasgow. Un peu plus tard, le bassiste Marco Panagopoulos les rejoint après un bref « entretien d’embauche » sur MySpace.
United Fruit a beaucoup travaillé avant de se produire en live. Très vite, il s’est imposé dès ses premières prestations sur la scène alternative de Glasgow. Il laisse derrière lui les groupes qui baignaient dans la même bière. Sous le format traditionnel (2 guitares, basse et batterie) le groupe se fait aussi connaître avec le EP Mistress, Reptile Mistress!. L’album est plébiscité par de nombreuses radios et se situe tout à fait dans la mouvance border-line post-punk et expérimental de Shellac et Mudhoney ou encore et pour remonter plus loin des pionniers du gros son tels que Oxes, These Arms Are Snakes, That Fucking Tank and Ligament. Pour autant le succès reste encore résolument écossais.
Mais Fault Lines marque une nouvelle étape dans l’ascension du groupe. Il débute par un titre surprenant : « Kamikaze » qui donne le ton. Puissant et dur il impressionne avant que « Red Letter » rappelle à la fois un rock indie plus classique (si l’on peut dire…). Les titres montrent tout l’éventail de possibilités qu’United Fruit peut déployer. Mais l’album reste résolument punk rock comme « The Alarm » le prouve. Très bien écrit il ne perd rien de l’esprit de recherche et de l’énergie guerrière du groupe ni de ses anti-mélodies redoutables et sans concession.
Rauque et discordant, brutal et expérimental, quelque peu apocalyptique le son d’United Fruit possède avant tout une puissance destructrice. Pour autant « bruit » brut et mélodie arrivent à faire bon ménage. Son Fault Lines est donc aussi punk que recherché. Let it bleed chantait les Rolling Stones : le groupe le prouve sa « main ». Il reste un des plus prometteurs et semble prêt à d’autres défis. Même si Stewart et Galbraith ne cultivent en rien une ambition démesurée. Le tremplin d’une scène importante londonienne pourrait toutefois leur donner le coup de fouet nécessaire pour les imposer sur la scène « rock » internationale. Ils y méritent toute leur place. On espère par ailleurs que l’album sera le dernier à être autoproduit. Beaucoup de labels (et pas forcément écossais) devraient être intéressés pour les signer vu sa qualité.
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