X JAPAN – ZÉNITH DE PARIS – 1er JUILLET 2011
AT LAST FRANCE! (= Enfin la France !) Ce sont ces quelques mots qui ont été prononcés très vite par X Japan à l’occasion de leur tout premier concert chez nous. Et les Immortels y étaient !
Avant toute chose, ceci est un live report de fan, donc tout manque d’objectivité y est parfaitement assumé. Bref.
Dès le début de leur carrière, en 1982, à leur séparation en 1997, le groupe X Japan n’avait jamais joué en France. Puis il y eut un très émouvant show case parisien l’an dernier, annonçant leur retour. Retour très attendu par les fans des inventeurs du ‘visual kei‘ (ce courant musical japonais mêlant tenues extravagantes à mi-chemin entre le look glam le plus fardé, nos beaux hardeux années 80 et métal virtuose) et de leur son unique oscillant entre ballades à fendre l’âme d’une pierre sourde et rock, tantôt speed, tantôt hard, ou tantôt métal plus classique. Mené par le génie batteur-pianiste-auteur-compositeur-bête de scène Yoshiki ‘Yoshi’ Hayashi et le chanteur à la voix puissante et venue d’ailleurs Toshimitsu ‘Toshi’ Deyama, il inclut également aujourd’hui Hiroshi ‘Heath’ Morie à la basse, Tomoaki ‘Pata’ Ishizuka à la guitare rythmique, Yūne ‘Sugizo’ Sugihara à la guitare et au violon. Et évidemment, la présence du guitariste légendaire Hideto ‘hide’ Matsumoto, dont la mort accidentelle en 1998 a laissé des traces très profondes sur les deux leaders, plane toujours dans l’air, même si le groupe a enfin entamé son deuil en abandonnant le son et lumière holographique de hide qui les accompagnait jusqu’à il y a peu de temps.
Et voilà qu’après un triomphe au festival étasunien Lollapalooza en 2010, ils sortent un nouveau single, “Jade” (et peut-être un prochain album ?), et une tournée mondiale suit logiquement en 2011, passant par l’Europe et les Amériques Centrale et Latine, quelques dates peut-être amenées à s’étoffer. Et ce 1er Juillet au soir, le Zénith de Paris… le genre d’événement qu’on ne loupe pas. Quitte à attendre plus de 3 heures 30 à piétiner seule et debout sans vivres ni eau, en subissant les mafieux à la petite semaine qui veulent absolument racheter votre place (plutôt mourir, mec, mais bonne journée quand même…) pour la revendre à prix d’or, quitte à déchirer inopinément son t-shirt à la porte des toilettes (message de service : Daphné, ma rédac chef adorée, puis-je considérer que c’est un accident du travail ?), quitte à payer une somme folle pour boire un thé glacé qui ressemble à s’y méprendre de l’idée que l’on peut se faire de la pisse de lama, quitte à écouter sans hurler de rire des adolescents âgés de douze ans au garrot qui observent et demandent à cantonade : : «C’est quoi ‘Ikseu-Japon’ ? Ça chante pendant le concert ?» (Authentique !).
Et puis on fait de belles rencontres : Ikari, bassiste du projet français GaïdjinN dont on reparlera très bientôt, des animateurs de la chaîne de télévision NoLife, des jeunes mettant à l’honneur la résistance du ‘visual kei’ à l’usure du temps et des modes.
Et puis petit à petit, les t-shirts, signes de reconnaissance de tout concert, se font plus précisément choisis : beaucoup d’X Japan, évidemment, mais également beaucoup de J-Rock voire de J-Pop, de métal plus proche de nos contrées occidentales (keep the horns!), de motifs inspirés de geekitude absolue, et puis beaucoup de t-shirts NoLife (!!) aussi, dont votre humble servante ici écrivant.
Après une installation dans une moiteur incroyable, après une looooongue attente sans première partie (d’après le personnel du Zénith interrogé, le groupe initialement prévu aurait été viré in extremis pour manque de professionnalisme et comportement lamentable…), après avoir appelé, hurlé, enfin, le concert commence… WE ARE X!
Bien sûr, on peut commencer par râler un peu : une setlist identique au iota près à la date précédente de Londres et, parions-le, à celle d’en ce moment-même aux Pays-Bas, ce qui pousse certain-e-s à hurler au play-back en règle, accusation sans fondements.
Très peu de morceaux. Soit. Mais à dix à vingt minutes par titre, on ne peut pas tout à fait se sentir amputé.
Peu de spontanéité et un show certes parfait mais exécuté de manière implacable. Tout en étant d’accord avec cela, il faut bien reconnaître que l’ancienneté d’X Japan amène logiquement une structure de concert très professionnelle, à fond les manettes, et surtout rodée à l’extrême. Et il est vrai que le Zénith (dans les 6 500 places) presque plein a eu beaucoup de mal à encaisser le choc visuel, sonore et spectaculaire d’un groupe habitué à remplir comme un œuf le Tokyo Dome, plus de huit fois plus vaste ! Ressortie sourde comme un pot et ayant à certains moment mal vécu la saturation acoustique abominable qui vrillait mes tympans pourtant bien bouchonnés, je reconnais avoir trouvé que le spectacle se serait davantage prêté à une salle [beaucoup] plus grande pour contenir toute l’amplitude d’un concert aussi bien huilé. Ou alors à un déroulement moins réglé comme du papier à musique fait pour être efficace et en jeter plein les yeux et les oreilles.
Mais ceci mis à part, ce n’est pas parce que tout était calibré et ultra-répété que cela enlevait à la beauté ou à l’émotion. Après l’introduction classique, X Japan attaque directement avec une version survoltée de leur nouveau single “Jade”, déchaînant la foule de manière immédiate, les gradins se levant frénétiquement dès le premier accord et la salle entière joignant les bras pour ce fameux X de ralliement. Entre chaque morceau rappelant que ce groupe est depuis trente ans un ensemble d’excellents musiciens, de techniciens de légende, des monstres sacrés, nous avons droit à quelques petits mots adorables en japonais, en anglais mais aussi en français (on apprécie l’effort) et une vraie communication avec le public. Yoshi, très expansif et torse nu, tabasse sa batterie, se roule par terre, jette des ‘fuck’ dans toutes ces phrases, et se brise la voix à crier à l’envi le traditionnel WE ARE… X! Les chansons jouées ont visiblement été sélectionnées avec beaucoup de soin pour permettre d’avoir un aperçu de leur si belle carrière, avec des envolées speed metal survoltés entrecoupées d’interventions qui laissent éclater la virtuosité du violon de Sugizo et le talent classique du piano de Yoshi. Naturellement, nous sommes invité-e-s à chanter à plein poumons. Et c’est dans une phonétique quasi-parfaite que chacun-e reprend des textes dans des langues pas nécessairement maîtrisées, en anglais ou en japonais.
Après l’hymne survolté “X”, prolongé jusqu’à n’en plus finir dans la joie collective, après les ‘hide can fucking hear you’, ‘Plus fort !’, ‘On vous aime la France !’, le groupe fait semblant d’en avoir terminé. Pour mieux revenir avec le lyrisme et la beauté de l’incontournable “Endless Rain”, suivi du morceau de bravoure (originalement 29 minutes mais ici légèrement raccourci) “Art of Life”, mêlant successivement piano torturé, puissance vocale, harmonies de guitares hurlantes et accents prog.
Et enfin, le concert s’arrête sur un play-back de “Forever Love”, douceur finale qui permet aux membres du groupe de poser micros et instruments, de laisser la musique dérouler, de faire rallumer la salle, de nous saluer, de poser au cœur de la scène pour une photo-souvenir devant cette foule qui les a acclamés.
Il est toujours un peu complexe de terminer une chronique de cet ordre. Oui, après le concert, nous sommes sorti-e-s de la salle, nous avons regagné nos pénates un peu perdu-e-s, beaucoup courbaturé-e-s, un peu différent-e-s, un peu pauvres mais si riches (disons pudiquement que le stand merchandising récoltant des fonds pour la Yoshiki Foundation pour reconstruire le Japon dévasté, les prix sont logiquement très élevés et je suis faible…), la fougue au cœur et l’envie de hurler ‘J’y étais !’. Et que c’était énorme, magique, grisant, inoubliable, gravé.
Au point que la station de métro Porte de Pantin résonne encore de cette foule compacte et bigarrée parlant français, anglais, allemand, espagnol, flamand, italien, russe, farsi… qui a bondi et hurlé sur les quais de la station, au point de terrifier les riverain-e-s : “WE ARE … X !! WE ARE … X !! WE ARE … X !!!”
SETLIST
- New Intro
- Jade
- Rusty Nail
- Silent Jealousy
- Drain
- Kurenai
- Born To Be Free
- I.V.
- X
- Endless Rain
- Art of Life (second movement)
- Forever Love
LIENS UTILES :
- Site officiel
- Yoshiki sur Twitter
- X Japan sur Facebook
oui ! le son était trop saturé, quel dommage
C’est clair !! Mais ce concert était un grand moment qui se garde précieusement au cœur. Putain, on y était !!