Hellfest 2011 : le bilan sanglant
Et c’est reparti pour un tour… Le dernier sur le site “historique” du complexe sportif du Val de Moine, qui aura vu passer tant de metalheads, et qui aura eu l’honneur de faire passer le Hellfest aux premiers rangs des festivals de musique extrême, aux côtés des Wacken, Download et autres Graspop. L’heureuse nouvelle de la journée sera la confirmation que le festival reste à Clisson pour les prochaines éditions, migrant d’à peu près 200m sur le site actuel du camping. On peut se dire qu’une telle nouvelle, ça s’arrose… la météo assez chaotique du premier jour nous fera cet honneur, et pas qu’une fois ! (Et oui, chez les métalleux, on ne repart pas sur une jambe !).
Ayant vécu la formidablement boueuse édition 2007, c’est équipé de pied en cap que l’on se dirige vers le site du festival, la sémillante Camarade Maussade aka Jess aux photos, et votre serviteur à la plume. Les différents parkings bondés, et les hordes de chevelus le confirment, nous allons une fois de plus battre des records d’affluence : le Hellfest affichait sold-out à peu près un mois avant l’ouverture, première fois de sa jeune histoire… encore un événement à arroser.
VENDREDI 17/06
Valient Thorr (Main Stage 1) :
A peine arrivés, nous nous dirigeons vers la Main Stage 1, afin de profiter du set des ricains de Valient Thorr, et ainsi se mettre dans l’ambiance tout de suite. Un gros hard-rock nous prend direct aux tripes, ça sent la bière, la sueur, la graisse de moteur. Ne connaissant pas le groupe autrement que de réputation, j’apprécie de plus en plus au fur et à mesure que les riffs s’enchainent : le frontman Thorr Himself, toutes barbe et bedaine dehors, hilare, harangue la foule des festivaliers qui grossit de minute en minute en ce premier jour. C’est sûr que passer du Metal Corner, alias le festival “off”, en 2010, à la Main Stage 1 qui verra passer des Rob Zombie et autres Ozzy Osbourne, ça a de quoi motiver, et ça se sent ! En bref, une performance tout en puissance et en rock rigolard pour un groupe qui mérite le détour.
Suicide Silence (Main Stage 2) :
N’étant pas, mais alors pas DU TOUT, fan de ce groupe (et de ce Deathcore moderne, mais ça c’est une autre histoire), c’est de loin que j’observe le concert des californiens. Apparemment les grosses rythmiques bien bourrines sont de sortie, et le public massé devant la Main Stage 2 apprécie en se lançant dans le premier gros pit de ce Hellfest cuvée 2011. Circle Pit, Mosh, Wall Of Death, toute la panoplie y passe pour le plus grand bonheur des amateurs. Après une petite moitié de show, direction la Rock-Hard Tent… Pour avoir recueilli quelques impressions après le concert : les admirateurs du groupe ont été comblés.
Malevolent Creation (Rock-Hard Tent) :
Le temps se couvre, les nuages se font menaçants, un temps idéal pour aller subir un peu de gros Death qui tache. Direction la Rock-Hard tent pour au moins voir un bout de la prestation de Malevolent Creation, non sans avoir rempli nos gobelets (plus petits que les autres années), avec de l’excellente bière cuvée Hellfest. Là direct, c’est sûr, on a droit à des cadors du Death Metal ! On se prend une rafale de blasts en plein dans la mouille, la tente est bien pleine, ça bouge pas mal… je décide, pour la sauvegarde de mon précieux breuvage de suivre la prestation des américains d’un poil plus loin. Le score est sans appel, Malevolent Creation a envoyé du lourd !
The Dwarves (Main Stage 2) :
La programmation du Hellfest s’étoffe et se fait plus éclectique d’année en année, et c’est dans cet esprit-là que les musiciens déjantés de The Dwarves investissent la Main Stage 2 pour un show totalement barré. Un batteur affublé d’une perruque multicolore, Blag Dahlia le chanteur arpentant la scène en sautillant partout, une attitude totalement je m’en foutiste (dans le bon sen du terme !), y’a pas, c’est du Punk ! Et même du Punk efficace, même le profane se prend à apprécier le jeu de scène tout en sobriété du frontman du groupe. A priori, le légendaire guitariste du groupe, He Who Cannot Be Named, son slip et son masque de catcheur mexicain sont absents… et finalement non, le voilà à la fin du set, sans sa guitare mais accompagné de danseuses légèrement vêtues ! La fin de la prestation du groupe sombre dans un joyeux bordel, Blag Dahlia saute dans la foule pour un slam sous la pluie qui s’est mise à tomber, tout se termine sur un gros larsen de guitare… Ambiance de feu !
The Answer (Main Stage 1) :
A peine le temps de passer d’une scène à l’autre, et nous voici parés pour assister à la performance de The Answer. Les Irlandais m’ont été chaudement recommandés plusieurs fois dans la journée, et leurs nombreuses premières parties d’AC/DC plaident en leur faveur : c’est décidé, il ne faut pas les rater. Et là, c’est directement un voyage dans le pur hard-rock seventies qui nous est proposé : dès le premier riff posé, dès le premier petit déhanché “robertplantesque” du chanteur chanteur Cormack Neeson exécuté, on est dans l’époque. Tout y est, la voix puissante et inspirée, les accords lourds mais intelligents… sans en faire des tonnes et sans s’enfermer dans la bête copie de leurs glorieux aînés, The Answer nous fera passer un très bon moment. Ce sera pour moi la première excellente surprise de ce Hellfest et je repars avec la banane.
Dagoba (Main Stage 2) :
Dagoba fait de plus en plus partie des valeurs sûres du Hellfest, et de la scène métal française en général, c’est donc en nombre que le public investit la Main Stage 2. Leur passage en 2009 est resté dans les mémoires grâce à un Wall Of Death totalement dantesque, et c’est fort de cette réputation, ainsi que celle d’un très bon dernier album Poseidon, que le groupe arrive sur scène. Le temps d’un salut chaleureux aux metalheads français par Shawter, et c’est parti pour un show couillu. N’appréciant pas plus que ça le mélange neo/indus/death des marseillais, je suis le set d’une oreille, en retenant toutefois le sérieux et la grande efficacité des frenchies.
Krisiun (Rock Hard Tent) :
On va faire court, ils sont trois, ils sont frangins, brésiliens, et le sous-titre de leurs prestations pourrait être soit : “Livraison de bûches par stères”, soit : “Les poutres je les mets où je veux Little John, et c’est souvent dans la gueule”. Tout est dit.
Non, je rigole ! Nous arrivons juste à temps pour prendre place sous la Rock Hard Tent déjà bondée, et faire coup double : nous prendre une déflagration de Brutal Death, et nous protéger de la pluie, qui tombe sévère. Connaissant la réputation des frères Camargo-Kolesne, et n’ayant jamais eu l’occasion de les voir sur scène, c’est avec un plaisir quasi-masochiste que j’attends la claque venir. Et quelle baffe ! Forts d’une présence de bûcherons / déménageurs / dockers / bouchers-charcutiers (rayer la mention inutile) les brésiliens nous assènent un concert d’une brutalité peu commune, les blasts de grosses caisse extra-terrestres, les riffs tordus et lourds, growl inhumain, tout s’enchaine dans une mécanique bien huilée, avec la forte impression de se prendre un mur dans la tronche. La performance s’achève sur un “Vicious Wrath” des plus rageurs, afin d’asseoir tout le monde. Un des shows les plus “énhaurmes” du Hellfest à n’en point douter !
Maximum The Hormone (Main Stage 2) :
Après toute cette violence, il est temps d’un peu de douceur, nous nous dirigeons par curiosité vers la Main Stage 2, afin de profiter d’un brin de J-Pop sucrée. Les japonais de Maximum The Hormone font un peu figure d’extra-terrestres (même si La Denrée est déjà dans la foule !) : ils nous offrent un mélange assez barré de punk, métal et j-pop. Ce qui donne un concert… surprenant : un bassiste survolté (quelqu’un me souffle à l’oreille “Yellow Flea”, c’est pas bien…), une batteuse chanteuse expansive, une leçon de japonais-franglais que ça fait rigoler tout le monde, le tout dans une ambiance vitriolante et une bonne humeur communicative. Rafraichissant.
The Exploited (Main Stage 2) :
Après une pause bienvenue, tant pour le gosier que pour les pieds, il est temps d’aller voir les légendes punk The Exploited. Wattie Buchan, affublé de son non moins légendaire mohawk rouge, et ses troupes investissent la scène pour une bonne heure de punk hardcore à base de hurlements et de guitares sursaturées. Ça envoie, et le pit se déchaine sur les hymnes “Fuck The USA”, “Sex And Violence” ou “Punk’s Not Dead”. Wattie, le sourire aux lèvres, semble bien s’amuser, et nous livre une prestation scénique pleine d’énergie. Pas une surprise, quand on connait les écossais, mais un autre bon moment (tant qu’on est pas dans le pogo !) de ce festival.
Vader (Rock Hard Tent) :
Les lourds nuages nous gratifiant encore d’un joyeux crachin, et pas vraiment attiré par ce que fait Phil Anselmo depuis Pantera, je décide de louper le set de Down, pour aller me réfugier sous la Rock Hard Tent et profiter du set de Vader. Bien que les ayant déjà vus à deux reprises, la sauce a du mal à prendre cette fois-ci… bizarrement, le public semble apprécier, mais je m’ennuie un peu. Bien sûr c’est carré, et ça envoie du lourd, mais il faudra attendre le dernier morceau, à savoir une reprise bien bourrin du “Raining Blood” de Slayer pour que je me mette à vraiment prendre mon pied. Mais c’est trop tard… une impression mitigée pour conclure.
Meshuggah (Main Stage 2) :
Les prestations de Meshuggah au Hellfest semblent marquées du sceau de l’élément liquide ! En 2008, c’est la lance à incendie des pompiers qui arrosait le public, tant la chaleur était intense, cette année c’est une froide bruine qui fait l’honneur d’humidifier le crâne de Jens Kidman. Et apparemment cette pluie à l’heur de mettre les suédois en colère, car après une introduction montant en puissance, c’est par un “Rational Gaze” furieux qu’ils commencent leur set. Les cervicales claquent, le public headbangue à tout rompre, et le pit s’active à vitesse grand V.
Riffs inhumains et solos virtuoses de Frederik Thordendal, batterie puissante, un Jens Kidman totalement psychotique, tout est réuni pour profiter des cinglés d’Umea ! Les tubes s’enchainent : un “Bleed” d’une violence mémorable, “Straws Pulled At Random”, pour finir par le classique “Future Breed Machine”. On pourra simplement déplorer l’absence de “New Millenium Cyanide Christ”, mais le concert de Meshuggah restera dans les mémoires des festivaliers !
Laissé pour mort par le set de Meshuggah, le repos était de mise. Iggy and The Stooges passent donc à la trappe, que les fans m’excusent, mais je suis un métalleux avant tout ! Je pourrais bien dire qu’Iggy a passé son set à se tortiller à moitié à poil, malgré la température glaciale, mais ce serait vous faire perdre du temps !
Morbid Angel (Mainstage 2) :
Ayant loupé le passage de “l’ange morbide” en 2008 (pour être au premier rang de Slayer, une bonne raison !), il était indispensable cette année de s’y rendre. La nuit tombe sur Clisson, la pénombre s’installe, ambiance parfaite pour le passage des pionniers du Death, Morbid Angel. Après un contesté dernier album, qui délaisse un peu les mid-tempos malsains et qui se dirige même parfois sur les terres de l’indus, c’est avec beaucoup d’exigences que le public attend la venue des floridiens sur les terres françaises. Le set commence par des vieux “tubes” : “Immortal Rites”, “Maze Of Torment”… Morbid Angel sur scène c’est dusérieux : David Vincent, un charisme et une maîtrise vocale à toute épreuve ; Trey Azagthoth et ses soli malsains à souhait ; Tim Yeung, remplaçant Pete Sandoval au pied levé (sic), impérial derrière ses fûts… On ne rigole pas, et le public en redemande. Vient le moment pour les nouveaux morceaux de passer le test du live, et malgré certains esprits chagrins qui huent et se manifestent pouce vers le bas, ça passe plutôt sans encombre, même si tout ça n’vaut pas un clair de lune à Tampa. Le refrain de “I Am Morbid” est même bien scandé par des milliers de gorges. La fin du set revient sur les classiques, pour le plus grand plaisir du fan des débuts, avec “Where The Slime Live” et “God Of Emptiness” entre autres. Au final, Morbid Angel a livré une prestation exemplaire, portée par l’exceptionnel pouvoir de séduction sur la foule de David Vincent, et transportée vers de sombres horizons par les riffs experts de Trey Azagthoth.
Rob Zombie (Main Stage 1) :
C’est déjà l’heure de la première grosse tête d’affiche de ce Hellfest : Rob Zombie. Les t-shirts à l’effigie du monsieur s’étaient fait de plus en plus nombreux au fur et à mesure que la journée se déroulait, et voici leurs porteurs (et tant d’autres !) massés devant la grande scène pour une démonstration du musicien/cinéaste à l’univers si étrange et bigarré. La scène et le décorum sont alléchants : énormes panneaux représentant les monstres qui ont fait les grandes heures du cinéma fantastique des années 30-40 (Frankenstein, loup-garou, King Kong) un pied de micro aussi solitaire que spectaculaire… Tout donne envie. Une fois le groupe arrivé sur scène et acclamé, le spectacle commence sur les chapeaux de roues : grimés de façon aussi extrême qu’un groupe de black métal norvégien, les membres du combo bondissent et headbanguent furieusement au son de “What Lurk on Channel X ?”. Entre les éclairages glauques, le décor, et les maquillages, on est tout de suite mis dans le bain d’un show réglé comme du papier à musique. Un peu trop d’ailleurs… un fois la surprise passée, on se dit qu’il manque un petit grain de folie pour que le spectacle soit complet. Le set des américains passe, c’est propre, bien léché, les tubes défilent, mais l’étincelle ne se produit pas. C’est sur “Thunder Kiss 65″ et le rappel “Dragula” que le concert se termine, après tout juste une heure, malgré les 90 minutes annoncées. Étrange attitude qui en déçoit beaucoup : un concert en demi-teinte pour finir la journée.
Ne pouvant pas trop supporter In Flames, et trop fatigué pour aller apprécier Mayhem (je m’étais endormi sur leur set de 2008… sans rire !), c’est fourbu que nous allons nous coucher, sous une couette et dans un lit cette année, luxe indéniable propres aux ronds de cuir que nous somme devenus, et sans aucun scrupules, pensez-vous !
SAMEDI 18/06
Après un petit déjeuner dantesque, avoir pansé nos petites meurtrissures, direction le site du Fest, non sans avoir, comme tous les ans, fait un petit tour dans cette charmante localité de Clisson. Il est vivement recommandé à tous les métalleux de faire au moins une fois une bucolique promenade dans le centre ville, et tailler le bout de gras avec ses autochtones absolument charmants.
Hammerfall (Main Stage 1) :
Nous arrivons juste à temps pour se délecter du set de Hammerfall, en dégustant une mousse. Les suédois balancent une bonne dose de Power bien speedé, avec juste ce qu’il faut de shred pour échauffer le public, et dissiper les nuages qui se font de moins en moins menaçants. La foule, quelque peu écrémée par les différents excès de la vieille, headbangue le sourire au lèvre et les traits tirés, appréciant la bonne humeur, les poses badass des membres du groupe et le côté épique de la musique.
Hemoragy (Main Stage 2) :
Première nouvelle importante du jour, le concert des suédois de The Haunted est reporté à 1h du matin, au… Metal Corner !! Le chanteur du groupe a apparemment manqué son vol, et n’arrivera pas à temps pour assurer à l’heure prévue… belle déception pour tous les thrasheurs présents cet après-midi, et qui voulaient se faire réveiller complètement dans le mosh.
Les belges d’Hemoragy sont appelés à l’improviste pour un remplacement express…tellement à l’arrache, que le groupe monte sur scène sans batteur, ni guitariste (en pleine cuve, haha). Ils arriveront en cours de route, ce qui rendra le set du groupe plutôt rigolo. Une belle opportunité pour les belges de se faire connaitre, et c’est ce qu’on leur souhaite, leur heavy/thrash étant de plutôt bonne facture.
Municipal Waste (Main Stage 2) :
Selon un ami présent sur place, “la classe ultime du guitariste c’est d’avoir un instrument à l’effigie de son groupe”. Ryan Waste arrive avec une six cordes spectaculaire, en forme du “M” du logo du groupe, suivi de ses compères : la classe ultime effectivement ! Le combo est réputé pour ses concerts barrés, où la bonne humeur se dispute à un taux d’alcoolémie élevé, des pogos furieux, un humour de mauvais goût, le tout dans un mélange thrash/punk/hardcore à 200 bpm. Et en effet, ça démarre en trombe : Tony Foresta brailles ses vocaux, exhortant la foule à se déchainer, Ryan Waste se frotte le postérieur à un caméraman à la présence un peu trop prononcée à son goût… c’est bien simple, on dirait la bande originale d’un film Troma, comme si on donnait une guitare au Toxic Avenger. Les titres de chansons parlent de fêtes, de violence, d’alcool, de cul, c’est idiot, ça ne ralentit jamais, et c’est remarquablement jouissif. Les mosheurs s’en donnent à cœur joie, faisant s’élever la poussière dans le ciel de Clisson, qui a tendance à se découvrir un peu.
Thin Lizzy (Main Stage 1) :
A peine le temps de dire “ouf”, et de faire quelques mètres pour changer de scène, nous voici devant un nom de légende : Thin Lizzy. Le groupe de quasi vétérans du jour, fondé par le regretté Phil Lynott. “Quasi vétéran”, parce que ce soir, il y a quand même Scorpions, et qu’on est pas là pour mesurer qui a la plus grande (ndlr : carrière, hein ! Bande de cochons).
La foule se masse devant la scène, et toujours personne… le groupe prend son temps et arrive enfin, pour nous détruire les tympans à grand coup de hard-rock à l’ancienne. Détruire les tympans au premier degré : le son est dix fois trop fort, à en devenir franchement gênant sans bouchons. Exception faite du volume sonore pouvant faire de l’ombre à Manowar, le show est agréable, et les irlandais se mettent le public dans la poche en un tournemain ! Le cahier des charges est respecté : solos virtuoses, riffs rock ‘n roll, faire chanter la foule en chœur… un bon moment pour tous les spectateurs, et un bel hommage à Phil Lynott, démontrant que son œuvre vit toujours et fait toujours vibrer les fans.
1349 (Rock Hard Tent) :
Après ces amuse-bouches qui nous ont mis en appétit, direction la Rock Hard Tent, pour prendre une vraie dose de violence en tube. 1349 avait électrisé la tente de la scène découverte en 2007, et compte bien remettre le couvert : la foule compacte d’amateurs le prouve, la renommée des norvégiens s’est encore développée depuis. Les cracheurs de feu, traditionnelle ouverture des concerts du groupe, font leur apparition sous les ovations du public, et Ravn, Frost et leurs acolytes arrivent pour faire souffler un vent froid de fureur sous le chapiteau. Finie la rigolade, contrairement à un concert d’Immortal, ou le second degré plane, là on est dans le vrai, et le regard haineux de Ravn ainsi que la mitrailleuse de blasts de Frost (batteur de Satyricon pour information) sont là pour le prouver…Reportez-vous aux superbes photo de Maus’ pour vous donner une idée. Le son est assez propre, condition indispensable pour apprécier le black-metal en live, et les spectateurs sont constamment les bras en l’air, index et auriculaire pointés en hommage à cette cérémonie païenne. La température de la Rock Hard Tent monte en flèche au fur et à mesure que les titres s’enchainent, et même si ça ne moshe pas beaucoup (le black métal ne s’y prête pas vraiment il est vrai), on sent une vraie communion. Tout simplement un des meilleurs concerts du festival !
Après la déferlante 1349, une pause est indispensable, et quoi de mieux que d’aller flâner, une mousse à la main, à l’Extreme Market entre les rayons colorés (en noir) pleins de t-shirts (noirs), et de s’en trouver un joli (noir si possible). D’année en année, on retrouve les mêmes gens sympathiques, un stand tenu par un “vieux” hardos en particulier, rempli de t-shirts vintage du plus bel effet une fois rendus à la vie civile. Rien de tel qu’un Poison ou un Lynyrd Skynyrd d’époque pour en mettre plein la vue à Ménard de la compta, pas vrai ?
Septic Flesh (Rock Hard Tent) :
Restons dans la demi pénombre de ce chapiteau pour profiter du set de Septic Flesh, la renommée des grecs se faisant de plus en plus importante au sein de la communauté métal. Ne connaissant pas les albums du groupe, mêlant mythologie égyptienne et mésopotamienne, c’est avec curiosité que je compte profiter du concert, après me l’être fait vivement conseiller à plusieurs reprises. Le public se presse encore plus nombreux que pour le set de 1349, et c’est sous une véritable ovation que les membres du combo grec font leur apparition… les fans hardcore sont visiblement fortement présents. Le backdrop à l’effigie du dernier album The Great Mass ainsi que le pied de micro tarabiscoté de Seth mettent dans l’ambiance, et les titres mêlant sonorités orientales et black-death lourd et sonore font mouche. Le public découvre les titres de la nouvelle galette à l’épreuve du live, et c’est un franc succès. Septic Flesh offre une prestation sérieuse qui a comblé ses admirateurs et m’a donné envie de découvrir l’univers du groupe d’une oreille attentive, une fois rentré à la maison.
Bolt Thrower (Rock Hard Tent) :
Après avoir contemplé de loin l’œuvre de destruction massive de la Terrorizer Tent des coreux américains de Terror (un ami présent sur les lieux, grand gaillard de son état m’a soufflé le lendemain “Jamais je vais dans le pit dans un concert comme ça…” : ça résume bien la chose), voici un des moments forts du Hellfest 2011 : Bolt Thrower ! Tout simplement le groupe qui m’a fait découvrir le Death Metal… histoire d’avoir une bonne place, je loupe le début de Scorpions, et fait pipi au quatre coins de mon emplacement attitré, pour être tranquille. Première surprise, et de taille, pour la balance, c’est carrément le groupe qui monte sur scène, et qui offre un titre en entier aux quelques fans présents devant la scène. Karl Willets, frontman du groupe, hilare, est visiblement content de jouer ici ce soir, ce qui promet un grand moment avec les anglais si rares en France. L’heure fatidique approche, et le public investit en masse la tente, jusqu’à se retrouvé coincés comme des sardines au moment où Bolt Thrower investit la scène. C’est parti pour une heure de death inspiré et guerrier, rythmé par les mid-tempos si caractéristiques du groupe, les coups de boutoir de la basse de Jo Ann Bench et la grosse voix du Karl Willets. Ambiance particulière, ça ne secoue pas trop, même au milieu de la foule, mais le public bouge par vague, comme une seule entité… plutôt étrange mais pas désagréable. Les tubes du groupe nous sont proposés : “When Glory Beckons”, “Where Next To Conquer”, l’inévitable “No Guts, No Glory”… j’en passe et des meilleures, mon cerveau n’ayant pas tout retenu, à part une ambiance formidable. Un grand moment personnel que ce concert, visiblement partagé par de nombreux chevelus à la vue des sourires au sortir de la tente.
Scorpions (Main Stage 1) :
Nous arriverons juste à temps devant la grande scène pour voir la fin du show des allemands, grosse tête d’affiche de ce second jour de festivités. Les deux rappels ne sont pas des surprises : “Still Loving You” et ses cohortes de français scandant “Ce soir, j’ai les pieds qui puent” (les connaisseurs comprendront, les autres chercheront un peu, ça rend la chose plus marrant), et enfin “Rock You Like A Hurricane”, classique parmi les classiques. Ça fait tout drôle de voir ces légendes sur scène, probablement pour la dernière fois, la tournée étant soit-disant la dernière du groupe, mais aux impressions reçues après le set, la performance des allemands a été un peu statique, sans grande communication… un brin décevante. Dommage, tant pour nous que pour les musiciens.
Suivra un bel hommage au député Patrick Roy, grand défenseur du métal tant dans l’hémicycle que dans les rangs des festivaliers l’année dernière, et qui nous a quitté cette année. Une intervention à l’assemblée, sur le grand écran, sera suivie de toute une série de photos collectées auprès des métalleux présents l’année dernière, avec l’homme à la veste rouge, sur les accords de “For Those About Rock, We Salute You”. Un superbe feu d’artifice clôturera cet instant émouvant. Entre ici, Patrick Roy, au panthéon de la musique que tu aimais, sous les ovations des metalheads que tu as défendus.
DIMANCHE 19/06
Chaque matin est toujours plus difficile que le précédent dans un festival comme le Hellfest… mais pour la beauté du geste on se lève un peu plus tôt, et on se dirige d’un pas un peu las vers le site… déjà le dernier jour ! Mais le fait que deux monstres sacrés se succèdent ce soir sur la grande scène nous fait accélérer la cadence : Judas Priest et Ozzy Osbourne !!
Atheist (Main Stage 2) :
Nous arrivons sur place sur les deux ou trois derniers morceaux des français de SUP… difficile de donner un avis : leur style expérimental n’est déjà pas facile d’accès en album, alors, en live… la foule un peu clairsemée n’offre pas de meilleur indice, ça restera un point d’interrogation ! Direction ensuite la Main Stage 2 pour se réveiller avec le Death technique des américains d’Atheist. Le style du groupe n’est pas du tout ma tasse de thé, mais ayant loupé chacun de leur passage tant à Clisson qu’ailleurs, je me devais quand même d’aller voir ça, tant leur statut est culte, et leur musique originale. Et bien, ça ne deviendra pas ma tasse de thé cette année… malgré une belle présence scénique de la part de tous les membres du groupe, Kelly Shaefer le chanteur en tête. Le son, peut-être un peu brouillon ne me permettra pas d’apprécier la musique à sa juste valeur.
Firewind (Main Stage 1) :
Et hop, on fait quelques mètres pour profiter du set de Firewind, le groupe de Gus-G, le guitariste de monsieur Ozzy Osbourne. La foule, toujours clairsemée, se fait plus dense de minutes en minutes, signe que le virtuose grec a beaucoup profité de cette soudaine notoriété. Une chose est sûre : le bonhomme sait y faire avec sa six cordes, et les shreds fous s’enchainent pour le plus grand bonheur des amateurs ! Les autres membres du groupes assurent tout autant, et ne se contentent pas de faire de la figuration, prenant des grosses poses badass, et nous proposant un power épique tout à fait plaisant. La musique est parfaite pour aller chasser le dragon dans une armure étincelante, monté sur une licorne volante, si vous me passez l’image pittoresque.
Duff McCaghan Reloaded (Main Stage 1) :
Le choix est difficile : soit aller voir les blackeux de Tsjuder, avec leur musique primesautière pleine de bonne humeur, soit découvrir les groupe du l’ancien bassiste des Guns’n Roses, Duff. Ayant pris un pied phénoménal sur la performance de Slash l’année dernière sur cette même scène, j’opte pour le second choix. Bien mal m’en aura pris… l’espèce de mélange hard-rock punk que va nous proposer le groupe, va, pour rester correct, poliment m’ennuyer… pourtant les musiciens ne rechignent pas à la tâche, Duff communique avec le public, mais rien n’y fera : je n’accroche pas. Résultat, une belle déception et la recherche d’un coin tranquille pour boire une mousse.
Et même plus d’une, les groupes suivant ne me disant pas grand chose… je suivrai de loin les sets de Pain Of Salvation, un brin ennuyeux, beaucoup trop prog pour moi, et Cavalera Conspiracy, où le pauvre Max Cavalera fera bien de la peine à tout le monde, tant il a l’air fatigué. C’est bien simple, il ne prend même plus la peine de jouer de son instrument, et sa voix essoufflée ne porte plus. Prends des vacances, Maxou !
Mr Big (Main Stage 1) :
Retour aux choses sérieuses ! Les américains de Mr Big, forts de leur réunion, avec le line-up originel, en 2009, et d’un nouvel album sorti en janvier, arrivent pour tout péter à grand coup de riffs rock ‘n roll, et de solos endiablés. Et la réputation de bêtes de concerts du groupe ne semble pas usurpée… Billy Sheehan, Paul Gilbert et consort envahissent la scène sous les hourras du public, qui semble enfin s’être décidé à venir en masse devant les grandes scènes, et démarrent sur les chapeaux de roues ! Pendant une heure, ils mettront le feu à la Main Stage , le sourire permanent, visiblement contents d’être de nouveau sur les planches ensemble et de partager avec les nouveaux amateurs du genre leur Hard qui fleure bon les années 90. La voix du chanteur Eric Martin, elle aussi typée 90’s, entre un Steven Tyler et un David Coverdale fait hurler le public à l’unisson, et Billy Sheehan et Paul Gilbert nous gratifieront chacun d’un monstrueux solo en cours de route. C’est festif, rock’n roll, tout le monde en redemande, mais horaires de festival oblige, après deux rappels, dont une reprise de “Baba O’Riley” des Who, il est temps de plier les gaules. Encore un bien beau moment passé, grâce à cette programmation si éclectique du Hellfest. Chapeau !
Doro (Main Stage 2) :
Même si les jambes se font lourdes, il est hors de question de louper au moins le début du concert de Doro : la belle blonde ex-chanteuse de Warlock est une des pionnières du métal au féminin, et à en juger par l’affluence, sa réputation est toujours intacte. Le set démarre et c’est du pain béni pour les photographes, tant Doro enchaîne les poses à la fois sexy et métal, toute souriante, secouant sa crinière blond platine avec vigueur. La musique proposée est un power heavy sympa sans casser des briques, et on apprécie en contemplant la foule, dont certains membres n’hésitent pas à brandir une pancarte “Milf Power”…
Judas Priest (Main Stage 1)
Maintenant, finie la rigolade, voici venir sur la grande scène LA raison principale de l’affluence record de cette édition 2011 du Hellfest : Judas Priest. L’écoute de Painkiller en 1991 faisant partie des grands chocs musicaux de l’adolescence du métalleux lambda (avec Rust In Peace de Megadeth, et les deux Use Your Illusions des Guns), nous voici, entourés de fans, au milieu du public compact qui commence à scander en rythme “PRIEST ! PRIEST !…” devant le rideau gigantesque qui cache la scène. La tournée étant réputée tournée d’adieu, beaucoup ont le sentiment que c’est certainement la dernière fois que l’on verra les anglais en concert, et la tension est palpable, même si les sourires sont de rigueur. Tout le monde espère une rafale de grands classiques, et l’on ne sera pas déçus. Une fois la scène dévoilée, les membres du groupe investissent les lieux, le Metal God en dernier, arborant une de ses célèbres tenues de cuir clouté… d’ailleurs au cours du show, ce sera un défilé digne d’une diva (qui a dit Lady Gaga dans le fond ?), depuis les longs manteaux très “SM” jusqu’au blouson en jean à patch British Steel. C’est justement sur “Rapid Fire” tiré de cet album que le spectacle commence, le son est très bon, pas trop fort comme c’est souvent le cas, et la double pédale (qui a dit Rob Halford dans le fond ? La prochaine fois c’est la raclée !) impitoyable de Scott Travis donne une teneur encore plus puissante au morceau que sur le disque. S’en suivra un mémorable “Metal Gods” , qui convaincra les derniers septiques de la qualité intacte de la voix du vocaliste du groupe : les hurlement suraigus si caractéristiques du bonhomme s’élanceront dans le crépuscule Clissonais comme à la première heure.
Le spectacle suit son cours, au rythme des changements de backdrops et des effets pyrotechniques, chacun dédié à une période du groupe, et Rob Halford escorte les troupes de fans dans un voyage dans le temps : depuis “Never Satified” tiré de la toute première galette du groupe Rocka Rolla en 1974 jusqu’à “Judas Rising” extrait de Angel Of Retribution en 2005, en passant par “Victim Of Changes” (Sad Wings Of Destiny de 1976)…
Les membres du Priest sont tout à fait à leur affaire, Rob Halford focus sur la communication avec le public, Scott Travis maltraite son set de batterie avec le talent qu’on lui connait, Glenn Tipton et Richie Faulkner sont tout simplement impériaux. Il faut d’ailleurs rendre hommage à ce dernier : pas facile de remplacer au pied levé le guitariste “historique” KK Downing, et il s’en sort haut la main, apparemment décontracté qui plus est !
Viennent ensuite un furieux “Night Crawler”, un “Breaking The Law” dont le refrain fera saigner toutes les gorges, et un “Painkiller” qui achèvera les cervicales de la foule, de plus en plus mouvante et hystérique. Moi qui avais économisé ma voix spécialement pour cet événement, je hurle tout ce que je peux quand le Metal God nous fait faire des vocalise !
Les musiciens quittent la scène, et pour le rappel, nous entendons le fameux bruit du moteur de Harley Davidson, prélude à “Hellbent For Leather”, et le spectacle se terminera par un superbe “You’ve Got Another Thing Comin’” avec ses riffs ultra rock ‘n roll pour nous achever… Un foutu grand moment !
Ozzy Osbourne (Main Stage 1)
On voit déjà poindre le point d’orgue de cette édition 2011 du Hellfest, qui, malgré une programmation qui n’a semble-t-il pas eu l’heur de faire le complet bonheur de tous, s’est encore déroulé de façon exemplaire. Et qui de mieux que le Mad Man en personne pour conclure en beauté ? (Oui, il y a d’autres concerts qui suivront celui-là, mais honnêtement, ne vaut-il pas mieux finir avec du Ozzy en tête ?)
La foule se presse massivement autour de la scène principale, à peu près autant à vue de nez que sur le show de Kiss l’année dernière. Le Mad Man apparait sous les ovations, tout sourire et commence le spectacle par “I Don’t Know”, la toute première chanson de son premier album solo, Blizzard Of Ozz, qui est immédiatement reprise en chœur par une bonne partie du public. Autant tuer le suspense tout de suite, Ozzy parait à son affaire, et bien qu’un peu diminué par l’âge et ses nombreux excès passés sa voix si particulière est intacte. Qui plus est il semble s’amuser comme un gamin, hilare, tantôt faisant chanter le public, tantôt aspergeant les premiers rangs de bière, trottinant d’un côté à l’autre de la scène. Les titres suivants seront “Suicide Solution”, un “Mr Crowley” également scandé par la foule, un “Bark At The Moon” épique où disparaitront les derniers lambeaux de ma voix si cristalline. On passera ensuite avec plaisir dans une autre partie de la carrière du monsieur, avec “War Pigs” de Black Sabbath, puis ensuite “Rat Salad” qui se prolongera par un solo de batterie spectaculaire de la part de Tommy Clufetos, et un solo virtuose de Gus-G. Ozzy a toujours eu le chic pour se dégotter des guitaristes formidables, et il a encore tapé juste : dans la lignée des Randy Rhoads, Jack E Lee, et autres Zakk Wylde.
Viendront ensuite un “Iron Man” colossal, “Crazy Train” classique parmi les classiques. Ozzy reviendra pour un rappel dantesque puisqu’il s’agira de rien de moins que “Paranoid” , encore une fois arrachant des hurlements de joie aux spectateurs. Le groupe reviendra une ultime fois pour saluer tous ensemble, sous les applaudissements, terminant ce show qui restera dans les mémoires.
Nous voici rentrés, fourbus mais heureux, avec déjà l’envie de revenir en Loire Atlantique pour la prochaine édition, qui promet d’être encore plus grandiose que les précédentes. Le nouveau site permettra d’accueillir les festivaliers avec un peu plus de confort (vu l’affluence, c’était un peu limite), et rester à Clisson nous promettra encore de belles dégustations de muscadet (avec modération, vous connaissez les métalleux !) de nouvelles rencontres avec les adorables habitants de cette jolie localité, et toujours plus de bruit et de fureur pour notre plus grand bonheur.
Alors, pour ce (très) bon live report :
1- il est où mon copyright pour la livraison de bûches par stères ?
2- “primesautier”, Mhwouhahahahaha !
3- vivement 2012 !
Alors le copyright, pour tout ceux qui demandent, c’est au Sieur si dessus.