Draugen – Among the lonely shades (2011 / Ancestrale Productions)

Posté par Alkayl le 21 juin 2011 · Laisser un commentaire

M’sieur le ministre de la culture a donné le jour de fête pour aller danser / Aujourd’hui c’est la fête de la musique / Tout le monde se met à chanter

Les paroles du sage Jean-Pierre Sauser ne peuvent que résonner en ce 21 juin, date à laquelle on lui fait sa fête à la musique. Ceci dit, il n’est pas certain que toutes les musiques se prêtent à l’ondulation du croupion. Pas celle de Draugen en tout cas.

Ainsi que le laisse entendre le nom du groupe, qui fait référence à un revenant lié à la mer ou aux pêcheurs. Rien de très joyeux. En même temps, le black métal, quel que soit son avatar, est trop peu réputé pour ses envolées de félicité. Bref. Comme souvent en matière de mélodie ou de paroles, tout est question de dosage, cet infirme différence qui sépare le lyrique du ridicule, le ciselé du surproduit, le morceau de la soupe. Le tout est de savoir si Draugen a un bon verre à mesure ou non.

Au niveau des ingrédients, tout est là : couleur noire, texte minimaliste en anglais et en allemand, chant caverneux et saturation étouffées. Mais cela ne suffit pas. La magie née des doigts et de l’esprit de celui ou ceux en l’occurrence qui font la tambouille reste primordiale.

En l’espèce, la recette aurait pu échouer ou être oubliable. Le poids de l’ombre, la tristesse délavée, l’absence d’horizon se font bien sentir. Le noir n’est pas assimilé à une simple couleur, il devient une senteur, une atmosphère, un prisme. Et peu importe que les épices utilisées aient déjà été employées ailleurs, elles font ici sens. Le titre “Wolves howl again”, avec son hurlement de loup, ne sonne nullement comme un cliché du genre mais paraît fort à propos dans son contexte. Et c’est bien là ce qui porte l’écoute de Among the lonely shades : en dépit de composantes rebattues, l’album parvient à trouver son équilibre et à toucher à son but, celui de partager un malaise qui ne dit pas son nom, de transmettre une colère qui ronge sans déborder.