Stupeflip @ LE FIL Saint-Etienne – 01/06/2011
Après l’arrivée attendue de la nouvelle galette de Stupeflip, The Hypnoflip Invasion en février, le CROU, mystérieuse organisation fondée en 1972 (”C’est Historique mon ami”), et composée de trois membres, se devait d’aller terroriser les populations de sordides villes de province. Objectif de ce premier juin, caravane, chapiteau, route, parking, déprime et le festival Paroles et Musiques de Saint-Étienne, qui fête cette année son vingtième anniversaire.
On sait très bien que King Ju, alias Celui Qui Crie, son alter égo gnangnan Pop-Hip ainsi que leurs acolytes Cadillac et MC Salo n’aiment pas beaucoup les concerts, et que l’univers à la fois sombre, vibrionnant et foutraque de leurs albums est particulièrement difficile à rendre en live. C’est donc plein de curiosité et d’attentes que nous nous dirigeons vers la salle du Fil pour voir les grands prêtres de la Stup Religion en action.
C’est aux Jokari Players, sympathique duo proposant un electro-rock de bonne facture, que revient l’honneur d’essuyer les plâtres ce soir. Les deux comparses ne rechignent pas à la tâche, mais leur set, un brin statique, quoique fort engageant, ne déchaine pas les foules, qui préfèrent écluser le houblon à la pression du bar. Un poil décevant pour eux, sans trop se mouiller… on retiendra leur enthousiasme, qui nous aura fait commencer la soirée sur une bonne note.
Après une courte pause, le public commence à se masser devant la scène du Fil, on voit arriver quelques masques, et autres t-shirts “Bien Pensant”, la température monte d’un cran. Pas de doute, pour une bonne partie du public, c’est Stupeflip la tête d’affiche de ce soir. Les lumières baissent au son des “STUP CROU” scandés par la foule, et c’est vêtu d’aubes monastiques, en procession impressionnante que King Ju, Cadillac, MC Salo et autres Reverb’ Man investissent la scène. La mise en scène est efficace et on retrouve l’univers du groupe au premier regard : mystère en chocolat et masques bizarroïdes. Le set commence par “Les Monstres”, extrait du premier album Stupeflip, la mise en scène est efficace et le public s’y retrouve commençant d’entrée à bouger comme il se doit sur les grosses basses bien grasses qui caractérisent le style du groupe. S’en suivront un furieux “Mon Style en Crrr” qui finira (s’il le fallait) de chauffer les foules à blanc, qui ne cessera tout au long du concert de scander les paroles d’une seule voix. Pop Hip fera bien entendu son apparition sous les huées du public pour nous interpréter “Gaëlle”, “Je Fume pu’ d’Shit”, et “Pop Hip’s Revenge”, avant de mourir sous les balles de ce cinglé de Cadillac. Les extraits du dernier album s’enchaineront, parfois nickel, parfois avec des orchestrations simplifiées ou tout simplement différentes : “Hater’s Killah”, “Le Spleen des Petits” et ses ambiances de cour de récré des années 80, “Apocalypse 894″ avec une distribution de masques, un bouillant “Stupeflip Vite” (j’en ai eu du mal à protéger votre photographe, bande de sacripants !)… j’en passe et des meilleures.
Après une heure et quart passée dans l’univers si particulier du groupe, entre chanson et interludes zarbis, c’est sur “A bas la hiérarchie” que le CROU fera ses adieux… façon de parler : on les connait, pas de rappels, ça fait partie du truc. On comprend ou pas, ils s’en foutent et c’est tant mieux !
On retiendra de cette performance stéphanoise : un très bon rendu de l’univers des disques du groupe, en tant que grand fan (qui a dit “Pas objectif” dans le fond ??) c’est ce que je craignais le plus. Donc un concert tout à fait satisfaisant pour ma part : King Ju méchant à souhait, Cadillac encore plus agressif et dangereux que d’habitude, Pop Hip mièvre et mort… que du bon mes lapins !
- Sbel
La galerie photo qui défonce, par Jess alias Maus’ :
http://www.flickr.com/photos/27775823@N08/sets/72157626963038844/with/5833487919/