Queens Of The Stone Age – Queens Of The Stone Age (rééd. 2011/Domino-Pias)

Queens of the Stone Age - Queens of the Stone AgeTreize ans après sa parution le premier Queens Of The Stone Age est réédité. Il continue à impressionner et prouve qu’il représente un sommet du groupe. Au fil du temps et de ses recomposition et décomposition celui-ci s’est effiloché tout en créant une diaspora intéressante. Des titres tels que « You Would Know », « Mexicola » et « How to Handle a Rope » de l’opus de 1998 sont bien plus que des brouillons de ce que le QOTSA donnera sur Rated R (2000) et Songs for the Deaf (2002).

Fondé en 1996 à Palm Desert (Californie) le groupe est souvent classé dans le stoner rock ou le hard rock. Le premier genre convient mieux à la musique de Josh Homme. Après la dissolution de Kyuss il décida de créer son groupe avec Matt Cameron (ex-Soundgarden et Pearl Jam) à la batterie, Van Conner à la basse et John McBain à la guitare. Le groupe s’appelle d’abord Gamma Ray et réalise un premier EP éponyme. Mais il doit changer de nom : un concurrent alemand de power metal utilise déjà ce patronyme. Kings avait été préféré à Queens mais selon Homme « Kings of the Stone Age aurait été trop macho ». Il préféra donc les Reines de l’âge de pierre. Car dit Homme « elles traînaient avec les copines des Rois de l’Age de Pierre quand ils partaient se battre ». Et d’ajouter : « Notre Rock devrait être suffisamment lourd pour les garçons et assez doux pour les filles ».

A chacun de se faire son avis à l’écoute de ce premier album. Il suit un split-album de transition intitulé Kyuss/Queens of the Stone Age et fut bien reçu par la critique. Paradoxalement sa reconnaissance passa surtout à l’époque par le Royaume Uni où il se retrouva disque de platine. Cet album en effet se distingue très nettement de Kyuss par sa créativité débordante. Bien que toutes les chansons soient écrites par Josh Homme et Alfredo Hernández, Chris Goss qui ajoute une ligne de basse et fait les chœurs sur deux chansons. Dave Catching et Nick Oliveri (un ancien membre de Kyuss) apparaissent aussi sur l’album.

Cet éponyme reste le plus personnel du groupe : dès le second album intitulé Rated R quoique écrit entièrement par Josh Homme et Nick Oliveri, l’album comporte une pléiade de collaborations. Cela donnera sans doute une certaine force d’intervention belliqueuse à souhait sur ces albums mais toutefois la verve du premier escadron va avoir tendance à se diluer. On n’entrera pas ici dans une discussion de puristes. Pour certains (j’en fais partie) l’éponyme est le sommet du groupe. Pour d’autres Rated R et Songs for the Deaf marquent encore plus un net penchant vers le stoner rock le plus profond. Ils renvoient au rayon des antiquités jusqu’au Black Sabbath – ce qui il faut l’avouer n’est pas trop difficile.

Toutefois dès l’éponyme le groupe va devenir l’équivalent de groupes phares avec lesquels ils vont partager la scène : Smashing Pumpkins (surtout) ou Foo Fighters. Si Songs for the Deaf est largement reconnu par la critique comme le meilleur album des QOTSA et un classique du genre, leur éponyme reste sans doute le plus « vrai ». Certes il manque à cet album des singles populaires comme « No One Knows » et « Go With the Flow » qui firent beaucoup pour le succès de Songs for the Deaf. Mais l’éponyme est plus imaginatif et resserré. Il cherche moins la performance et vit d’une alchimie particulière. Moins sombre que les suivants (en particulier Lullabies to Paralyze) les riffs sont moins racoleurs et le psychédélique très original. Quant à Era Vulgaris il plia sous une sauce lourde faite d’americana, du punk rock, de blues et bluegrass.

Josh Homme par ce premier album aura inventé une musique très particulière. Elle fait du groupe avec Smashing Pumpkins les deux formations charnières du changement de millénaire. Et même si Homme réfuta le terme de stoner rock pour définir le groupe il ne faut pas négliger cette « modélisation ». Certes la musique des QOTSA possède quelque chose de plus « mécanique » et abstrait que le créateur définit comme du « robot rock » mais le groupe toutefois n’a jamais cherché de véritable fusion et on lui en rend grâce pour ce parti-pris. Qu’il y ait là du « macho rock » texan et du drone rock allemand n’empêche pas le groupe de garder son identité inaliénable. La voix du tombeur du delta du Mississipi – Homme sweet homme – et les riffs imperturbables du stoner ne sont que la partie émergée d’un iceberg qui renversa bien des idées reçues sur son passage. La réédition de l’éponyme premier est donc plus une nécessité qu’un luxe.

Queens of the Stone Age



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