Le Prince Miiaou – Fill the blank with your own emptiness (2011 / Troisième Bureau)
Quoique issu du mot français ‘blanc’, le ‘blank’ de l’anglais plus qu’une couleur (retraduite trop souvent par son origine française littérale) évoque plutôt un état de latence et de vide. Sans cette précision le titre de l’album de Prince Miiaou reste une énigme. Mais, tout compte fait, on se demande s’il est judicieux de la lever puisque ce présupposé prince ne fait que cultiver les équivoques.
D’abord le “vrai” prince est une princesse : Maud-Elisa Mandeau. Elle pourrait avancer plus en charentaises qu’en haut de chausses étant donnée sa région d’origine. Précisons qu’elle chante dans cet album – à l’exception du premier morceau – exclusivement en anglais. Ajoutons enfin que “la” prince au genre louche déteste les chats (sauf peut-être les Stray Cats…) et tire son nom d’un conte indien qu’on lui lisait pour l’endormir lorsqu’elle était petite.
A 27 ans, la princesse à la voix superbe publie son troisième album. Il balance entre le solaire et le lunaire. Il regorge de trouvailles sonores voire bruitistes dans le veine de ce que firent parfois Pink Floyd avant hier ou Radiohead hier. Tout cela est astucieusement agencé, intelligent, poétique avec un brin d’humour et un plein de brume. Ce dernier convient bien au titre et au concept d’un album ambitieux et qui ne peut que séduire.
Arrangements et production sont soignés. La voix est sublime dans son registre. Le climat est varié, râpeux et chic. C’est de fait le meilleur album de l’artiste et une parfaite invitation au voyage dans des lieux étranges au milieu de landes où bizarrement un escalier grince parfois. Son bois gémit et craque comme de vieux os : un aïeul de la princesse y descend dont ne sait quel lieu pour aller aux toilettes… Preuves que les fantômes les plus “blank” sont moins ersatz qu’on ne le pense. Tout en eux n’est pas que vide sous la peau nue de leur linceul. Un maître du serpent de feu y rêve peut-être d’un absolu. Il sème un pollen de l’esprit sur celui de Maud-Elisa pour qu’elle offre un rock aussi létal qu’en fusion jusqu’à la liberté reconquise.