Lacuna Coil – Shallow Life (2009 – Century Media)
Trois ans après le très approximatif Karmacode, Lacuna Coil est de retour. Le combo dark ambient et metal gothique atmosphérique retourne à une musique aussi planante que musclée. Les milanais et sa pin-up girl sont à nouveau incisifs à souhait et bien malin à qui ne connaît pas leur origine de percevoir ici le monde latin. D’ailleurs pour ce cinquième album Don Gilmore qui a déjà produit Pearl Jam, Good Charlotte et Linkin Park est aux manettes. Shallow Life en porte l’empreinte. Reprenant parfois des standards parfois oubliés comme « I Like It », « Spelbound » ou « Enjoy the Silence » ce nouvel album rappelle Comalies (2002) et fait penser parfois aux Pearl Jam déjà cités. Moins dark-ambient que leur tout premier album qui les avait propulsé sur cette scène parallèle, le groupe cultive désormais une musique plus nerveuse et affutée. Le metal pur « s’indie-rocke » avec réussite.
En changeant de style Lacuna Coil élargit son public et se popularise dans le bon sens du terme. Andrea Ferro et la plus que belle Cristina Scabbia sont là et bien là même si la seconde n’a plus l’importance qu’elle tenait auparavant. Le groupe y gagne en cohérence et homogénéité. Et on ne peut plus le taxer comme on l’a fait parfois de « meuf metal »… Andrea Ferro a (re)pris de la voix et l’a améliorée pour offrir un contrepoint masculin à sa nymphette partenaire. Exécution et composition ont tout pour séduire. Et si Lacuna Coil était américain ou anglais il connaîtrait sans doute un succès plus grand et mérité. Mais l’ostracisme envers le metal latin (italien comme français) reste tenace.
A ceux qui voudraient connaître un peu mieux le groupe signalons la sortie de leur best-of Manifesto Of Lacuna Coil. Ce C.D. vaut ce que valent les best-of mais il permet de déplier le registre des Italiens et de découvrir des titres fondamentaux du combo tels que « Daylight Dancer » ou « My Wings ». Lacuna Coil a eu le mérite de ne pas foncer tête baissée dans de l’expérimental à tout crin. Il préfère étalonner ses savoir-faire à l’aune d’une musique qui s’écoute toujours avec plaisir et intérêt. Elle reste toujours riche quoique bien calibrée. A cheval ou à croupetons entre le hard et la ballade, entre violence et mièvrerie, le groupe trouve toujours le bon dosage.
Certains leur reprocheront d’abuser de formules qui marchent. On ne les suivra pas. En effet une formule ne fonctionne que si la sauce prend. Et il n’y a rien à redire à la salsa milanaise. Elle mélange le salé et le sucré avec délice. Certes il faut aimer ce type de goût. Nous, nous en redemandons. Si Shallow Life ne révolutionne pas la musique il est parfaitement abouti et la plupart des titres fonctionnent, à une ou deux exceptions.
En résumé l’évolution principale de ce Lacuna Coil version 2009 se situe dans le chant de Andrea Ferro. Il s’amuse à emmener sa voix comme il ne l’avait jamais fait jusque là. Cet opus fait donc plaisir à entendre, voire plus. Il est parfois sombrement réjouissant mais s’écoute sans baisse d’intérêt. Façonné en plages diversifiées mais cohérentes il séduit sans éblouir en ne prenant pas le risque d’aventures musicales qui pourraient s’avérer improbables… La sagesse est parfois bonne conseillère.
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