VNV Nation – Of Faith, Power and Glory (2009 – Anachron)
AU DESSUS DU BROUILLARD
Ronan Harris, instigateur de VNV Nation frappe fort avec Of Faith, Power and Glory. Le titre est aussi pompeux que justifié. Car si la foi, la gloire et le pouvoir peuvent corrompre et engager au fanatisme et au pourrissement de l’égo lorsqu’il devient démesuré, à l’inverse, bien utilisés, ces concepts peuvent créer des sources de progression. Un tel album l’illustre parfaitement. La techno trouve ici un mixage alambiqué mais jamais saugrenu.
A peine trois semaines après l’avoir finalisé à New-York, cet album rare était déjà disponible. Il est vrai que l’irlandais Harris est un bourreau de travail. Les ordinateurs meurent sous sa fougue comme des chevaux épuisés. Mais le résultat est probant : tous les morceaux font mouche. Plutôt sombre dans son ensemble, l’opus n’a pourtant rien de mortifère ; il sonne sobrement et non sans élégance au sein d’une spatialité rythmée, sonnante mais jamais trébuchante.
Très personnel et fabriqué à l’aide de synthés analogiques dans un contexte de production totalement informatisée, dans l’esprit des pionniers du genre des années 70, l’album demeure néanmoins chargé d’émotions profondes. Dans le titre le plus puissant « From my Hands » ce qui compte n’est pas tant ce qui est dit mais la façon dont le thème est abordé. Tout avance en une progression constante jusqu’à « Where There is Light ». Ce titre est l’apogée d’un parcours qui atteint en dépit du côté obscur une sorte de sérénité. Est-il besoin de préciser que celle-ci n’a rien de matérielle et encore moins de matérialiste ?
On pourrait presque qualifier cet album de punk électronique mélodique. On peut aussi le rapprocher des meilleurs morceaux des Smashing Pumpkins, des New Order ou des Primal Scream. Mais en plus dépouillé et avec une charge supplétive d’émotions profondes comme dans le titre « Defiant ». N’oubliant jamais les transes dance floor (« Art of Conflit »), l’album laisse une part belle à des airs plus mélodiques, déchirants et habités comme avec « From my Hands » déjà cité. A l’inverse de son compatriote Bono de U2, Harris ne distribue pas des leçons de morale. Le musique en tient lieu : il suffit de s’en imprégner. D’autant que l’irlandais aime trop son indépendance pour ne pas respecter celle des autres.
Le septième album de VNV Nation constitue l’acmé à ce jour du duo irlandais composé de Harris et de son batteur Mark Jacson. Les deux colosses offrent une œuvre magistrale qui trouve un parfait équilibre et un savant dosage entre le gros son et une musique aussi concentrée que visionnaire. Sans doute avons-nous là un des grands albums de l’année car Harris (qui avance aussi parfois sous le nom de Modcom) donne ici le meilleur de lui-même. C’est comme une grande marée dans la houle du sang.
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