Vincent Courtois, L’Imprévu (2011/La Buissonne)
Vincent Courtois est autant un artiste inclassable qu’incontournable de la scène actuelle. Sensible à beaucoup d’influence sa musique en solo affirme une émergence particulière. Elle défie les modes et les styles qui relèvent du panurgisme. L’artiste est unique dans son créneau comme il est seul avec son instrument qu’il utilise loin de tout traitement néoclassique. Bref il ne fait pas dans une vulgarisation des musiques historiquement typé et est en rien au violoncelle ce que Richard Clayderman est à son instrument.
L’Imprévu est une dérive aussi sensuelle qu’intimiste assez imprévisible quant à ses moments. Produit par Gérad de Haro avec lequel Courtois travaille depuis plus de quinze ans, cet album vibre de manière particulière. Et, sauf erreur ,c’est la première fois que l’artiste se lance dans un marathon solitaire. Souvent spécialiste de l’improvisation, il a opté ici avec intelligence pour un travail très construit et très écrit. L’épreuve soliste nécessite en effet une rigueur dont peut parfois se passer des œuvres orchestrales. Elles peuvent faire passer des pilules amères et approximatives. Mais cela est impossible dans les performances de solistes. Il faut de la précision, de l’écriture pour une richesse et une variété de styles. Elle passe ici du flamboyant au minimalisme.
L’ album est d’intérieur (comme il y a une musique de chambre…) mais, répétons-le, son plus grand mérite est de fuir les poncifs du violoncelle soliste pour pénétrer dans un univers secret. Se croisent l’influence de musiciens dit savants (on pense à Hindemith et Sculthorpe) afin d’indéterminer la frontière entre diverses atmosphères et tonalités. Evitant le plus possible le préétabli, Courtois conduit donc vers quelque chose qui s’édifie avec tact, sensibilité et intelligence. Il modifier les sillons dans lesquels tant de musiciens ont du mal à sortir. Le tout au sein d’une atmosphère austère, parfois sombre et âpre plus que nostalgique (lorsqu’il la caresse les plages sont moins intéressantes) mais jamais lassante . Ce qui dans ce genre de performance n’est pas simple. Il y a là une chaleur douce et une forme de vulnérabilité apaisante.