Transmission – Sublimity (2008 – Malicious Damage)
Que peut donc donner une collaboration entre des musiciens d’univers aussi variés tels que Youth et Paul Ferguson (bassiste et batteur de Killing Joke), Tim Bran (du groupe dub Dreadzone) et Simon Tong (ex-The Verve et Blur) ? On sait par les expériences récentes que ce genre de « supergroupe » donne régulièrement des « superalbums » : on citera au hasard Gorillaz, ou encore The Good, The Bad and The Queen dont les productions sont souvent des sommets d’excellence. Qu’en est-il alors de Sublimity, le 3e album de la formation pluristylée britannique ?
Hé bien, c’est plutôt satisfaisant. La particularité de Sublimity – particularité propre au post-rock, finalement – est de n’inclure que très peu de paroles. Parfois seul le titre est scandé en chœurs, comme pour sublimer la musique. Car les compositions, aux mélodies bien léchées, se suffisent à elles-mêmes. Point trop de sophistication toutefois : les chansons restent abordables et de structure assez simple. Guitares, batterie, basse, parfois programmations électroniques se débrouillent parfaitement dans ce cadre peu bavard, tantôt dans des morceaux de rock alternatif brut « Albion », tantôt dans des titres plus lancinants rappelant A Perfect Circle (« Opium Head », « Dance Alone »), mais sans le chant. Par cette absence, ou disons, par cette présence discrète, l’ensemble peut par conséquent rebuter, lasser, voire ennuyer ceux pour qui une voix doit mener l’orchestre ; mais Transmission a le bon goût et l’intelligence de proposer un album ne comprenant que 9 titres. Un disque relativement court donc, mais qui au moins, a la pudeur de ne pas trop en dire. A une époque où l’expression n’est plus seulement libre mais carrément débridée, c’est reposant. Salvateur, même.
Tout à fait d’accord avec cette analyse précise et juste. Elle met l’oeuvre à sa place : si elle n’est pas un sommet elle est loin d’être négligeable. « L’astuce » Daphné en donne la clé : de la musique avant toute chose.