The Luyas – Too beautiful to work (2011 / Dead Ocean)
Il y a chez The Luyas une part de brute hystérique en des frasques sonores oppressées. Elles éclatent en milles poussières. Des tumulus explosifs se perdent dans leurs particules. L’enfer reste toujours ce que la chanteuse du groupe en dit et en fait : ni femme, ni homme, ni homme et femme. Juste entre les deux par ténébreuse éclosion dans l’affre musicale. L’âme s’est boulochée : The Luyas ne s’en préoccupent pas. Ils ne cherchent que des pulsions corporelles comme s’ils savaient que les blessures au cœur n’étant pas mortelles, il n’est même plus besoin de parasiter ce muscle.
Il suffit de hausser la musique pour se perdre dans des plages où elle devient matière pour entrer – un temps – dans une certaine folie. Le groupe canadien ressuscite l’être enseveli en quittant les logiques musicales de ceux qui ne sont que des porte-principes de l’époque. Too Beautiful to work reste une cavité où habiter en primitif. Il faut en savourer les échos parfois et souvent denses sans jamais être plombés. Contre le froid hiver ce C.D est donc tout sauf une vieille idée.
Il y a là juste ce qu’il faut de jeu pervers. Elle permet de retrouver la prophétie d’une nuit sensorielle à travers d’étranges psaumes de feu. Proches de plusieurs tendances artistiques contemporaines sans jamais les copier-coller, les arrangements de cordes d’Owen Pallett, la production de Jeff McMurrich ( Tindersticks, Constantines), les instruments inventés par Yuri Landman donnent à l’ensemble une force incomparable. Elle joint des sonorités plus ou moins identifiables à de vieux groupes qui se frottent à celles d’une musique en marche. De cette hybridation Jessie (la chanteuse) fait la synthèse. La réussite de l’album n’y est pas pour rien. C’est un euphémisme.
J’ai pas tout compris, mais je suis bien d’accord pour dire que cet album est fantastique.