Il y a 150 ans Nice était encore une ville italienne : pas étonnant dès lors que Apocalypse of mind, premier opus des niçois de R.D.S.K. (sans aucun rapport avec un futur candidat potentiel à la présidence de la république française) lorgne de l’autre côté des Alpes pour ses plages à peine gothique. En découle une sorte de langueur soulignée par la voix de Pris.K. Le groupe a vu le jour il y a trois ans et l’on ne peut regretter que ses moyens techniques donc financiers soient limités. Doté d’une production plus conséquente, le quintet pourrait sans aucun doute optimiser son potentiel même si, dès ce premier opus, à mesure que les morceaux s’égrainent l’écoute devient de plus en plus intense.
Refusant les flamboyances habituelles du gothique, R.D.S.K. développe une atmosphère intimiste que démentent a priori les titres des morceaux : celui qui donne le titre à l’album ou encore “Opus of Decadence”, “Danse Macabre” ou encore “Priscum Démetrium Delirium”. C’est pourquoi cet album est parfait à qui voudrait faire une incursion en douceur dans un monde généralement lourd de charges voire de boursouflures sonores.
Fragmentations rythmiques, glissements chromatiques, coulées de cordes créent la géométrie, un espace de mélopées plus que celui de véritables mouvements symphoniques propres à la vulgate du genre. Le mouvement est plus doux, moins caverneux (la batterie reste des plus discrètes) afin de laisser éclore l’émotion par soupirs plutôt que par cris ou grincements sourds. L’ensemble reste plus du côté de la mélancolie que du deuil. Il demeure aussi du côté d’une attente imprécise. Elle laisse la possibilité, en dépit des lamentos, à une forme d’espoir. Le gothique appelle donc à une présence pas forcément noire. Apocalypse of Mind gagne ainsi une valeur ajoutée face à ce qu’il peut perdre du côté de la puissance emphatique liée au genre.
Se révèle par rapport à la souffrance une sorte d’écart. La voix parfois haute de la chanteuse découpe l’obscur. Elle fait jaillir des lignes plus lumineuses égrainées par les guitares. De réels moments mélodiques s’étendent et retiennent. La “danse macabre” elle-même se métamorphose au sein d’éruptions plus volcaniques que froides sous les ruissellements de violon.
Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?