Symakya – Majestic 12 : Open files (2011 – Fantai’Zic-Muzea)

Majestic 12 : Open files s’ouvre sans préambule. Les Symakya se dispensent de fioritures ampoulées.  Ils entrent dans le vif  de leur sujet sans autre forme de procès. L’album concept se base les manifestations extraterrestres dans l’Histoire. A partir de tels  mystères (ou escroqueries pour certains) le trio développe dix titres impressionnants enregistrés en un haut lieu du métal (Gate Studio, Wolsfburg).

Celui (symphonique) des Symakya se dispense de deux points de base du genre : le voicod d’un côté ou la voix lyrique de l’autre. Elle  reste dans les normes vocales habituelles et c’est (presque) reposant. Mais Majestic 12 tient avant tout par sa structure d’ensemble et sa qualité à la fois de composition, d’exécution et d’enregistrement. Les trois frisent l’excellence. Et cet album sera sans contestation aucune l’un de ceux qu’il faudra retenir dans sa catégorie en 2011 voire pour une période plus importante.

Matthieu Morand à la guitare, Kevin Kazek au chant, Thomas Das Neves aux drums ramènent donc à l’essence d’un genre plutôt nocturne sans pour autant le faire capoter dans un registre d’un brouet noir. Le sujet s’y prêtait mais les Symakya ne sont pas tombés dans ce piège de facilité. Ajoutons que l’album évite  l’autre chausse-trappe du genre : les exercices de style de guitare. Ceux qui tournent à la démonstration pour salon de l’agriculture metal ou pour les foires du temple à gogos. Le mixage de Simon Oberender n’y est pas pour rien.

Sous son contrôle, les nappes sonores naviguent, s’étendent et retiennent. Il faut accepter leur “lumière” noire. Par le mouvement  d’ensemble est suggérée le transfert et le ruissellement d’un autre monde. Sa présence et sa nécessité semblent cautionnées par la rigueur  d’une musique dont la force primitive parle au plus profond  tout en se refusant aux irruptions éclatantes.

Fait de formes abstraites en un sens et coupé en division architectonique, Majestic 12 sort du figuratif pour parcourir le chaos qu’il surplombe.  Une tension apparaît. Elle échappe au code symbolique  habituel du pur metal symphonique. Loin de ses conventions qui donnent des sortes de grilles de lecture et  des lexiques, Symakya ne cherche ni à rassurer, ni  à éliminer l’abîme de l’art. Sa propre réorganisation répond à un espace cartographié de manière inédite. Sans doute parce qu’il reste un des rares groupes à ne pas se laisser assourdir par les trucs dont le genre est friand.