Luca Olivieri – La Quarta Dimensione (2008 / Agprod)
Il est des écoutes qui deviennent rapidement des épopées. Chaque pression de la touche lecture devient une aventure, chaque piste une quête. L’album de Luca Olivieri, La Quarta Dimensione, est de ceux-là. Officiant à intervalles réguliers avec le groupe Yo Yo Mundi, le musicien propose ici une œuvre entièrement instrumentale, habitée de multiples instruments. Comme souvent avec les compositions dépourvues de chant, l’auditeur peut se trouver désorienté et faire malgré lui appel à de souvenirs musicaux très éloignés. Au fil des notes, dans mon cas d’espèce, un chevalier s’est extirpé de la brume. Grand, blond, l’armure fièrement enfilée au-dessus d’un justaucorps bleu. Il s’agit du chevalier David, issu du jeu Light Crusader, sorti sur Megadrive. Certains auront alors le rictus en coin qui monte aux lèvres, à l’idée d’écouter du gros son midi qui bave, extirpé d’un vieux jeu 16 bits.
Il sera aisé de pourfendre cette idée préconçue d’un trait de plume vengeur. Le seul élément certain dans cette association d’idée, c’est le caractère facétieux de la mémoire. Ce n’est pas la qualité de la musique qui est en cause : la réalisation et la précision de l’écriture sont sans commune mesure, même si compositeur de bande-son de jeux vidéo était et reste un sacré métier, voire un métier sacré à l’écoute de certaines pièces.
Ce qui rapproche sans nul doute Light Crusader et La Quarta Dimensione, c’est l’idée de « direction » que l’on ressent. Le Chevalier David, poussé par son sens du devoir, avait une quête à mener et n’a pas renoncé face à l’adversité. Luca Olivieri souhaite nous faire parcourir certaines terres et s’y emploie au travers d’arpèges, de notes, d’accords, de nappes, de percussions. Au cours de ses derniers faits d’armes, le noble paladin devait traverser différentes époques, chacune marquée par un thème bien caractéristique. Le baladin italien parvient, au travers des divers instruments, à faire osciller l’auditeur entre des atmosphères très enjouées (« Il Sogno di Napo ») évoquant une fête foraine désenchantée, des ambiances inquiétantes (« Fantasmi ») tendant vers le polar et des couleurs très sombres (« Un Mondo Segreto »). Le tout marqué par la fameuse quatrième dimension, qui donne son nom à l’album, la dimension temps. A l’image de ce qui se déroulait dans la célèbre Twilight Zone, une progression, en apparence illogique, survient et emmène vers une fin.
L’album se révèle ainsi exigeant. Non pas en raison d’une volonté élitiste de l’auteur, mais parce qu’il conduit habilement sa victime à se départir de ses références habituelles pour s’immerger dans un nouvel univers. L’expérience est des plus intéressante et donne envie de la renouveler au gré des fluctuations de la quatrième dimension.
01 – Angelina
02 – Chrome
03 – Lontana Presenza
04 – Il Sogno di Napo
05 – L’Attesa
06 – Un Mondo Segreto
07 – Fantasmi
08 – Baricentro Morale
09 – Alibi
10 – Angelina (reprise)
11 – Le Ali del Tempo
12 – Ricordo
Myspace : http://www.myspace.com/lucaolivieri
Site : http://www.lucaolivieri.eu
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