Tony Marsh – Stops (2010/PSI)

Tony Marsh - Stops (PSI records)Tony Marsh est apparu dans les années 70 au sein du groupe jazz-rock Major Surgery. Très vite, développant des compositions à partir de ses improvisations au sein de ce groupe, il devient un des principaux innovateurs tant à la batterie qu’aux percussions. Après sa rupture avec Major Surgery en 1979 l’artiste commence des prestations en solo dans les boîtes de Soho à Londres. A partir des années 80 il accompagne pour des séances en studio et pour des concerts des artistes tels que Mike Osborne, John Surman, Evan Parker, Paul Rutherford, Barry Guy, Howard Riley, Elton Dean. Il crée avec Simon Picard et Paul Rogers un trio très influencé par Charlie Mingus : le 7RPM.

En 1982 il rejoint The Mike Westbrook Brass Band puis il enregistre On Duke’s Birthday et avec Le Sinfonietta de Picardie London Bridge is Broken Down. Suit une longue collaboration avec Harry Beckett au sein de son quartet. Il travaille aussi avec le quartet Full Monte accompagné de Chris Biscoe (saxos), Brian Godding (guitare et guitare synthé) et Marcio Mattos (basse). Plus récemment il se produit avec le bassiste Nick Stephens et le saxophoniste Frode Gerstadt. Puis il sort Stops, enregistré à l’église St Peter’s de Whistable (souvent exploitée pour de telles sessions) et composé de quatre solos de percussions et onze duos avec l’organiste Veryan Weston.

Ce dernier fut d’abord un pianiste freelance dans les années 70. Il devint le cofondateur et le compositeur des Stinky Winkles et est élu “jeune musicien de l’année” par the Greater London Arts Association. Il reçoit parallèlement plusieurs distinctions en Europe et collabore avec des artistes plasticiens comme Liz Fritsch et Stephen Cochrane. Il compose aussi plusieurs musiques de film. A partir des années 90 il multiplie les performances avec (entre autres) Lol Coxhill, Phil Minton, John Butcher ou Roger Turner.

Stops propose neuf pépites à tous ceux qui aiment les musiques improvisées apparentée au jazz. La fluidité du jeu de Marsh conduit au plaisir des solos comme à celui du duo en complicité avec Weston. Maître en rythmique (et pour cause) le percussionniste organise des pulsations attentives au jeu de l’organiste ou se déploie en solitaire dans une précision diabolique. Tout cela avec élégance, finesse et sans le moindre ergoterie stylistique superflue. En duo ou seul Marsh développe un ensemble fascinant d’intelligence. Tout est lumineux et expressif et prouve que Marsh sait jouer sur divers registres.

Certes par sa spécificité ce C.D. est sans doute réservé aux spécialistes. Mais l’acoustique de Stops démultipliée par celle du lieu d’enregistrement agrandit tous les détails de jeux et les spécificités timbrales des divers éléments de percussion. Dans ce même lieu on a déjà pu entendre Evan Parker au saxo ténor avec Sten Sandell à l’orgue (Psalms) ainsi que John Russell à la guitare (Hyste), mais de ces différentes sessions celle de Marsh et Weston reste la plus convaincante. Elle transforme l’échange en débat et les solos en grandes interrogations qui font bouger les lignes sonores et brouillent les genres.

Tony Marsh - photo © Malcolm PhillipsPhoto par Malcolm Phillips



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