Pendulum – Immersion (2010 – Warner)
Par complexe d’infériorité, ou peut-être par curiosité mystique, l’Homme a toujours plus visé le ciel et les astres que regardé sous ses pieds. Ainsi, la topographie de la Lune est-elle plus précisément connue que nos fonds marins. Nageant un peu à contre-courant de ses contemporains, en refusant de se fixer dans un genre bien précis, Pendulum ne se la joue pas élévation céleste, préférant l’Immersion. Après tout, d’après la théorie de l’évolution, l’Homme ne viendrait-il pas d’une petite créature venue des abysses ? Peut-on pour autant dire qu’ils régressent et qu’ils ont touché le fond ?
De toute manière, inutile pour eux de regarder au ciel pour tenter d’y trouver une entité supérieure, Pendulum n’a qu’un Dieu et c’est Rob Swire, leader du groupe, et lequel ordonne même sur « Immunize » à ses semblables « Soyez féconds, multipliez » (Dieu à Adam et Ève, Genèse 1:28, « Go Forth and Multiply » en anglais, ce qui veut aussi dire de nos jours : « va voir ailleurs si j’y suis ». Je vous laisse libre de décider quel sens est ici donné à cette phrase). Producteur, instrumentiste, chanteur, auteur, compositeur, le bonhomme occupe presque entièrement la voûte créatrice, même si quelques invités prestigieux figurent sur l’album : Liam Howlett, le groupe de métal death mélodique In Flames et Steven Wilson, leader entre autres du groupe rock alternatif progressif Porcupine Tree. Trois univers bien différents qui pourtant ne sont pas tant éloignés de ce que Pendulum a pu faire, en particulier sur In Silico qui possédait une approche très Rock/Metal et de par leurs remixes de Prodigy.
Sur Immersion Pendulum insiste plus que jamais sur la variété des influences, trempant dans tous les océans, peut-être pour brasser le plus d’auditeurs possibles, peut-être pour simplement se faire plaisir. Pourtant, difficile de plonger tête la première dans la deuxième théorie, tant certains des titres nagent dans les eaux presque réservées qui de Prodigy (« Immunize », normal puisque cosigné Liam Howlett, mais aussi « Set Me on Fire » et « The Vulture »), qui de Deadmau5 (« The Island part II »), voire d’Eric Prydz ou Noisia dans les sons. Visiblement, l’ambition est claire et il ne semble pas y avoir de partie immergée de l’iceberg : le but est de déferler sur les plages cet été, autant que possible.
Peut-on leur en vouloir de jouer un peu les requins ? Pas vraiment : déjà parce que pour beaucoup, cela fait bien longtemps que Pendulum baigne dans le commercial et le consensuel – en toute relativité. Jusqu’ici rien de nouveau, et il ne sert à rien de perdre du temps à conquérir un public qui ne se joindra jamais à sa cause. Ensuite parce que l’album est malgré tout de très bonne qualité : concentrant les acquis des deux précédents – arrangements Rock (d’In Silico) et mélodies électroniques accrocheuses (de Hold Your Colour), Immersion malgré un artwork extrêmement kitsch conserve un son qui touche à la perfection, et Rob Swire possède un sens de la composition indiscutable, proposant des titres ayant tous un potentiel de tube. Un album qui mérite donc de s’y plonger, et qui encore une fois est un probable pont entre musiques électroniques alternatives et Rock/Métal pour qui daigne traverser un bras de mer pas si large.