Janelle Monáe – The Archandroid (2010/Bad Boy)
Janelle Monáe Robinson est une jeune américaine qui a grandi à Kansas City. Du moins, c’est ce que prétend sa page Wikipedia, dont on sait que les hautes instances d’État y diffusent de fausses informations, privant l’individu de la vérité sur les extraterrestres, les voyages dans le temps, le vaccin contre le Sida, le moteur à vapeur, le langage des dauphins ou encore la recette des calissons d’Aix.
Parce que d’après le livret de l’album, ce que les naïfs qualifient de “concept” institue que Janelle Monáe vient de l’an 2719. Après avoir été kidnappée et torturée par des savants fous qui ont prélevé son ADN, elle a été renvoyée à notre époque pour y être internée. Elle clame qu’à partir de son ADN, les scientifiques ont donné naissance à l’ArchAndroid, de son nom Cindi Mayweather, cyborg à son image mais surtout sauveuse de la cité de Metropolis, qu’elle porte en coiffe.
Janelle Monáe raconte l’histoire de cette dernière en 18 pistes de Nu-Soul néo-rétro, futuriste et passéiste à la fois. On ne peut pas l’en blâmer : brisée, perdue entre deux époques, les influences se mélangent dans son discours. Son ADN n’a probablement pas été volé au hasard. On se sait rien de sa vie, d’aucuns prétendent qu’elle devait être tout à fait normale, mais j’ai une théorie : elle a été créée en laboratoire par un scientifique féru de musiques, qui, on ne saurait dire par quels moyens retors, a pu réunir des échantillons d’ADN des grands noms du vingtième siècle : un peu de James Brown dans l’énergie Soul, un peu de Michael Jackson enfant pour la voix, du Erykah Badu pour la prestance, du Prince pour l’androgynie, Outkast pour la modernité et du N.E.R.D pour le goût du mélange des genres. Peut-être ses kidnappeurs ne l’ont pas renvoyée dans notre temps pour la punir, mais bien pour la protéger, la préserver. Peut-être la cacher.
Mais c’était sans compter sur le directeur de l’asile où elle est internée, qui a décidé de publier ce que la jeune femme exprime, en musique bien sûr. Et malgré son trouble temporel, ses délires revêtent une cohérence étonnante. Une fusion parfaite entre tous les genres abordés (soul, funk, rock, RnB, reggae), une fusion parfaite entre tous les titres, une maîtrise des sons qui tend à la perfection. Cette fille n’est pas folle. Elle est juste supérieure génétiquement, sa musique le prouve. On en avait eu un aperçu perturbant avec son EP Metropolis: The Chase Suites, dont The ArchAndroid, album de deux siècles, est la continuation logique. Logique.
Quelqu’un frappe à ma porte ; je n’attends personne. Je sais de qui il s’agit. Avant qu’ils n’entrent, je vous somme d’écouter Janelle Monáe. Vous saurez, vous aussi. Comme BigBoi, comme Saul Williams, comme OfMontreal qui apparaissent sur le disque le savent. Comme Sean “Puff Daddy” “P.Diddy” Combs qui a édité l’album le sait. Oh oui, vous saurez.
Yeah ! )
\o/
On notera encore une fois que les Français sont à la ramasse étant donné le peu de chroniques de l’album qu’on peut trouver sur le Web en français (d’ailleurs la plupart viennent du Québec…).
Gloire à Cindi Mayweather, gloire à Janelle!