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Belone Quartet

Electro minimalisme (jusque sur sa pochette), pas très loin des œuvres de Mark Hollis (mais encore en plus grave et sombre), 1802 est un album des plus surprenants et des plus envoûtants. La voix des deux interprètes n’est pas sans rappeler une forme minimale du glam rock des années 80, Depeche Mode en tête. Tout l’opus entraîne dans une rythmique enveloppante qui ne réduit pas cependant l’ensemble à une œuvre d’ambiance. Jouant sur les effets électro ou parfois acoustiques surgit une musique nocturne empreinte de profondeurs parfois inquiétantes (« When You Turn Old ») mais en rien gothique. La voix des deux « opérateurs » est caverneuse à souhait. Elle percute néanmoins tout sentiment délétère de motifs charmeurs. Les rythmes plus affirmés sur « The Cure » ou « The Sleeper », découpent la voix robotisée et les guitares qui se mêlent à une séries de percussions étranges et dignes de cérémonies secrètes païennes.

Tout s’inscrit dans un des titres phares de l’album et lui donne la tonalité d’ensemble. “The way I want to die”, résume parfaitement un ensemble électro-acoustique aussi noir qu’obscur mais qui ne va jamais sans une énergie certaine au gré d’impulsions rythmiques (très sophistiquées et variables d’un morceau à l’autre) accompagnées d’un jeu de guitare simple, sans complaisance et qui souligne parfois un morceau d’une sorte de riff violent et insidieux. Ce disque reste une révélation et sans doute une des premières bonnes surprises de l’année. On écoute l’ensemble sans avoir envie de sauter une étape tant il captive par ses sonorités massives, variées et quasi liturgiques sur certains titres, comme « O Anna » par exemple, un des sommets de cet album du groupe nantais.

Des critiques ont parlé non sans raison à propos de Belone Quartet d’électro dark. Elle existait déjà dans leur premier opus The Faint. Mais ici elle est, si l’on peut dire, plus enlevée dans sa sobriété sans la moindre once de lyrisme. Le Belone Quartet reparamètre l’usage de l’électro par ses développements. Le groupe le transforme au sein de ses manipulations en une sorte de mutation génétique. Dès lors, en avançant dans l’écoute on oublie Talk-Talk, Depeche Mode ou encore Kraftwerk pour s’abandonner non à du déjà entendu, mais à des formules sonores qui poussent de nouvelles interrogations que le groupe anticipe.

Ce mixage de langues électro et vocales devient un théâtre d’ombre. Sous la mort qui rôde reviennent des plaintes. Mais elles ne sont émises que pour qu’on s’inquiète de notre survie. 1802 donne donc sa chance à l’avenir avant que l’oubli à nouveau ne se lève. Dans des approches métissées de rumeurs, il apprend à épeler des langues dont on nous cache le sens. Belone Quartet les accouple de manière incestueuse, crée une contagion contre les confusions. Comment imaginer un moi sans ses qualités, se demandait déjà Pascal ? Musil faisait un peu de même. Les Nantais reprennent ce combat en devenant des créateurs capables de dessiner les matrices musicales d’une sorte de résistance à la routine de nos temps de crise. Pas de joie pour autant mais, tout compte fait, une sorte de sérénité presque rassurante au sein de ce voyage au bout de la nuit.

Jean-Paul



  1. benoit on Mercredi 14, 2009

    album magnifique ! Plus dépouillé que le précédent, et plus réussi aussi je trouve.