Killer Queen qui s’y connaît voit dans Healthy Boy (le mal nommé…) du “Dylan en mort”, l’expression m’a bien fait rire pour une raison majeure : c’est exact. Ajoutons même qu’il y a du Leonard Cohen en fantôme. Que tous les déprimés s’abstiennent donc, même si le nom du songwriter peut être bien trompeur. S’agit-il d’une sorte d’ironie qui semble d’ailleurs se confirmer avec le titre de l’album folk par excellence Jusqu’à ce que nous soyons repus ?
Avec le désenchantement d’un troubadour des temps modernes, l’artiste nous emmène en un univers dépouillé, lourd, très lourd parfois de silence. Les fans de folk désespérée en auront pour leur argent, pour les autres il vaut mieux faire l’impasse même si un tel CD s’écoute sans déplaisir dans les glissements d’une langue complice de l’impensable qui arrive pourtant.
The Healthy Boy est le contraire d’un vitupérateur ou d’un thuriféraire. Et si au commencement était le Verbe, c’est le silence qui prime dans cet album où pourtant la musique ne perd pas (au contraire) un caractère volontairement délétère. Mais ce qui n’est que feinte chez certains reste chez l’auteur compositeur origine de tout. Cet opus ressemble donc à un récit des vies abandonnées. Il y a là un devoir de résistance. Un devoir d’amour aussi. L’artiste, face à un univers qui manque de paroles, de constance, de durée inscrit sa légende qui n’occulte pas le réel mais lui donne une autre dimension.
Ce n’est pas moi mais Alkayl qui a fait cette comparaison d’une justesse sans faille. Et il s’y connaît plus que bien, il est vrai.