Jolie Holland – The Living And The Dead (2008 – Anti/Pias)

 
Jolie Holland, après un troisième album très noir, redevient la magicienne du vivant avec The Living And The Dead. Sorte de poète folk-rock, accompagnée ici entre autre par deux des meilleurs guitaristes du temps – Ribot et Ward – elle offre une série de compositions qui rameutent un flot d’indices et de traces vibrantes contre la mort que l’on se donne et contre celle qui nous sera un jour donnée. Jolie Holland sait l’échéance de toute existence mais elle ne trouve, dans cet album, nulle raison pour s’en lamenter et désespérer. Certes elle remet les points sur les i. Mais, faisant se fracasser des riffs les uns contre les autres, surgissent dans chacun des morceaux un étonnement, une présence, une sensualité captivants. Dépressive ou (comme ici) enjouée, Jolie Holland demeure sensuelle et elle donne une belle leçon de vie contre toutes les abnégations, les mutilations. Méprisant les modes, les manières, elle se “contente” de poursuivre imperturbable sa voie : celle de la sincérité, celle qui, méprisant le je, est là pour faire surgir des textes qui ne cherchent pas à suggérer par des pouvoirs extérieurs, des recoupements hasardeux. Si Jolie Holland cherche l’étonnement, ce n’est pas celui – abstrait, spéculatif – des images musicales mais celui de la vie riche par elle-même d’un trésor enfoui et que l’interprète se doit de faire surgir. Dès lors, nul besoin d’effets. Vivant “De l’autre côté du rien” elle en fait un manuel de savoir vivre. Elle nous apporte un pécus qui se fiche de la mode mais qui sait dresser des ponts là où de nous-mêmes nous n’aurions pas songer à en construire. On peut passer dessus sans danger et pour notre plaisir. Dès lors, et si apparemment notre vie est toujours la même, elle apparaît soudain plus légère dans cet album spéculaire mais pas nombriliste pour un rond.

Son MySpace : http://www.myspace.com/jolieholland